Le programme écolo de Macron : poursuivre dans la voie médiocre

Emmanuel Macron à l'Élysée en juin 2021. - Domaine public / Gouvernement de la République de Macédoine du Nord via Wikimedia Commons
Emmanuel Macron à l'Élysée en juin 2021. - Domaine public / Gouvernement de la République de Macédoine du Nord via Wikimedia Commons
Pour celles et ceux qui espéraient des précisions sur le programme environnemental d’Emmanuel Macron à dix jours du premier tour de l’élection présidentielle, c’est encore raté. Dans son discours d’une demi-heure consacrée à l’écologie, prononcé lors d’un déplacement à Fouras (Charente-Maritime) jeudi 31 mars, le président-candidat (La République en marche - LREM) s’est contenté de défendre son bilan sans annoncer de nouvelles mesures.
Pourtant, quelques sujets inédits ont été abordés ce jour-là. À Belfort [1], au salon de l’agriculture et lors de la présentation de son programme, Emmanuel Macron s’était concentré sur l’énergie et l’agriculture. Il avait alors annoncé le lancement de six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR d’ici 2035 et la mise à l’étude d’un projet de huit réacteurs supplémentaires, des financements massifs pour le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires et une loi de programmation et une loi d’orientation et d’avenir pour assurer le renouvellement des générations, la formation et l’installation des jeunes agriculteurs. À Fouras, il a abordé les questions des déchets, des transports et de la protection de la biodiversité.
Des crédits-bails pour acheter des voitures électriques
Las, le président-candidat s’est contenté de défendre son bilan. « On a rouvert 17 000 kilomètres […] de petites lignes [ferroviaires]. On a rouvert nos trains de nuit, ce qui est une formidable innovation qui permet d’aller vers des modes de transport moins polluants » et « on a cofinancé avec les collectivités locales 13 000 kilomètres de pistes [cyclables] », a-t-il dit. Sans annoncer de nouvelles mesures ou de grands objectifs pour un éventuel prochain quinquennat. Emmanuel Macron s’est contenté de donner quelques précisions sur son projet de mise en place d’un système de leasing (crédit-bail) pour les ménages modestes. « Souvent l’électrique est plus cher, et donc pour des ménages qui travaillent, qui ont des revenus modestes, c’est quasiment impossible, même avec les aides, d’acheter aujourd’hui un véhicule électrique. Et donc ce système de leasing, c’est de dire en payant 80-100 euros par mois on pourra changer de véhicule », a-t-il ainsi expliqué. Il a également annoncé une « intensification » du déploiement des bornes de recharge électrique sur le territoire.
Sur la gestion des déchets, rien de plus précis. Le candidat LREM a rappelé les objectifs inscrits dans la loi sur l’économie circulaire adoptée au cours de son quinquennat, de la fin du plastique à usage unique en 2040. Mais à l’écouter, pas besoin d’en faire plus. « On s’est donné un cap, on a dit qu’on voulait se débarrasser des plastiques à usage unique, on a eu une politique d’attractivité, on a financé la filière et du coup on fait de l’écologie en créant des emplois », a-t-il déclaré, en se félicitant de l’installation de « la plus grande usine d’économie circulaire pour le plastique, en particulier de nos bouteilles et les plastiques complexes » de l’entreprise américaine Eastman à Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime).
Aucune annonce non plus concernant la protection de la biodiversité. M. Macron s’est contenté de rappeler les objectifs de la stratégie nationale pour les aires protégées, de placement de 30 % du territoire sous statut d’aires protégées dont 10 % sous protection « forte ». À peine s’est-il montré plus disert sur la protection de la mer : « Je veux pour les prochaines années continuer de renforcer cette France puissance maritime. Le faire en luttant contre la pêche illégale, en accompagnant nos pêcheurs dans le renouvellement de leur flotte, en renforçant le secteur de la plaisance […], le faire en développant cette pêche durable que j’évoquais et toute sa valorisation, le faire aussi en renforçant la science et les modèles d’exploration, parce qu’il faut connaître pour pouvoir protéger, et les grandes opérations de connaissance de nos fonds marins, le faire en développant notre marine marchande et sa formation, le faire enfin en défendant notre marine nationale et je le dis ici parce que la marine française joue un rôle essentiel sur tous les sujets que je viens d’évoquer. »
« S’il n’y a pas de chasseurs, bonjour les sangliers ! »
En revanche, le président-candidat s’est montré attentif à ne brusquer personne, et surtout pas les habitants des territoires ruraux. « Il y a beaucoup de nos compatriotes qui continueront d’avoir besoin de véhicules individuels. Et donc il ne faut pas être dans la stigmatisation en disant c’est mal de prendre la voiture. Quand on vit dans la ruralité, on a besoin d’avoir la voiture ». Puis il s’est adressé aux chasseurs : « On va pas faire la ruralité dans nos campagnes en disant on veut plus des chasseurs ! Il y a des millions de Françaises et de Français qui sont chasseurs ! Parlez-moi d’écologie, expliquez-moi comment on gère les espèces ? S’il n’y a pas de chasseurs, bonjour les sangliers ! […] Et donc on a besoin de réguler ! », s’est-il exclamé, défendant une « gestion adaptative des espèces ».
Le candidat-président a aussi fait de discrets appels du coude aux écologistes, en énumérant la liste des grands projets abandonnés au cours de son quinquennat : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le mégacentre commercial Europacity, la mine aurifère Montagne d’or en Guyane. Il a aussi annoncé de grands investissements d’État et la mise en œuvre d’une planification écologique. « J’assume ce terme. Il a plutôt été ces dernières années dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon. Alors ne voyez pas là une conversion de ma part, mais en même temps, je suis pragmatique, quand des méthodes proposées me paraissent bonnes, il faut savoir aussi les écouter et les adapter ». Conclusion : il veut « une écologie du quotidien et une écologie du progrès » qui « réconcilie écologie et économie ».