La planification écologique, pivot du projet de Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon (à droite) avec l'ingénieur spécialiste des éoliennes marines, Bertrand Alessandrini, le 14 janvier 2022. - © Stéphane Burlot/Reporterre
Jean-Luc Mélenchon (à droite) avec l'ingénieur spécialiste des éoliennes marines, Bertrand Alessandrini, le 14 janvier 2022. - © Stéphane Burlot/Reporterre
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Le candidat de La France insoumise publie son livret consacré à la planification écologique. Débats citoyens au niveau local, référendums, travail avec les associations...
Rapport du Giec [1], marches pour le climat le 12 mars, débat sur l’écologie entre les candidats à l’élection présidentielle le 13 mars... La question environnementale s’invite enfin dans le débat public. Jean-Luc Mélenchon en profite pour publier samedi 12 mars un nouveau livret thématique, consacré cette fois à la planification écologique.
La planification écologique est une idée que le candidat de La France insoumise (LFI) porte depuis plus de dix ans. Elle repose sur un principe simple : prévoir. « La crise sanitaire a bien montré qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion : on a manqué de respirateurs, de toutes les industries nécessaires à produire nous-mêmes ce dont on avait besoin, observe Clémence Guetté, coresponsable du programme du candidat. D’où l’impérieuse nécessité de planifier. »
Pour cela, Jean-Luc Mélenchon propose la création d’un Conseil à la planification écologique. Rattachée au Premier ministre, cette structure coordonnerait l’élaboration d’une « loi de planification », tandis qu’en parallèle son ministère de l’Écologie mettrait en place les « mesures urgentes » : l’interdiction du glyphosate et des néonicotinoïdes, la réouverture des gares fermées depuis 2017, ou encore la rénovation thermique des bâtiments.
Des consultations citoyennes partout en France
Si Jean-Luc Mélenchon accédait à l’Élysée au printemps, des « processus de consultation citoyenne décentralisés, principalement au niveau des communes » seraient mis en place. Les habitants pourraient débattre des différentes politiques à mener, au niveau local comme national, sur les thèmes des transports, du logement, de l’énergie, de l’eau, etc. La synthèse des doléances remonterait ensuite au Conseil de planification écologique, qui élaborerait le projet de loi. Un processus estimé à « un an et demi » de travail, d’après La France insoumise.

« Le Conseil de planification écologique rassemblerait des syndicats, des branches patronales, des associations, voire des citoyens tirés au sort », dit Clémence Guetté. Mais l’équipe de Jean-Luc Mélenchon l’assure : ce ne serait pas un remake de la Convention citoyenne pour le climat, où Emmanuel Macron avait fait travailler des citoyens sur des propositions écologiques, pour finalement les balayer d’un revers de la main. « On appliquera ces mesures », promet Clémence Guetté.
Pour concrétiser la prise en compte de l’opinion publique, le leader de La France insoumise veut aussi mettre en place un référendum sur la liste des « biens communs » (énergie, transports, etc.) à collectiviser, notamment par la création de pôles publics.
Respecter la règle verte
En parallèle, des commissions thématiques travailleraient à l’élaboration d’indicateurs de bien-être, de respect de la nature, des sols, de l’eau, etc. « Aujourd’hui, le PIB [produit intérieur brut] passe complètement à côté des enjeux écologiques et des conséquences environnementales. Il nous faut de nouveaux indicateurs », dit Clémence Guetté. Ces nouveaux outils d’évaluation devront traduire et respecter un principe directeur : la règle verte, qui consiste à ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu’elle peut reconstituer.
Le conseil de planification écologique devrait faire le lien entre les différents ministères concernés par la nouvelle loi, et veiller à son application réelle. Le Parlement débattrait chaque année sur les résultats. « Il faut réinstaurer de la démocratie et de la confiance dans la politique ».
Et les autres candidats ?
De son côté, la candidate du Parti socialiste, Anne Hidalgo, parle elle aussi de « planification écologique » dans son programme : elle veut créer un ministère dédié au climat, à la biodiversité et à l’économie ; et mettre en place un budget spécifique qui programmerait les réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Elle prévoit aussi de faire débattre chaque année le Parlement sur ce budget.
Yannick Jadot, candidat d’Europe Écologie-Les Verts, ne reprend pas l’idée de « planification écologique », mais défend dans son programme un plan pluriannuel de gestion des crises, débattu au Parlement à échéances régulières.
Les propositions des candidats sont à retrouver dans notre comparateur de programmes.