Les Équatoriens votent la fin du pétrole sur des terres autochtones

L'exploitation pétrolière sera interdite dans une partie du parc national Yasuni, ici en 2017. - Flickr/CC BY-NC-SA 2.0/Grid-Arendal
L'exploitation pétrolière sera interdite dans une partie du parc national Yasuni, ici en 2017. - Flickr/CC BY-NC-SA 2.0/Grid-Arendal
Les Équatoriens ont choisi les intérêts des peuples indigènes et la forêt amazonienne, au détriment de celui de l’industrie pétrolière. Appelés à se prononcer dimanche 20 août par référendum (à l’occasion du premier tour des élections législatives et présidentielle qui se déroulaient le même jour), les citoyens de l’Équateur ont voté à 59 % pour l’arrêt de l’exploitation pétrolière dans le « Bloc 43 », une partie de la réserve amazonienne de Yasuni.
Le parc national Yasuni abrite une bodiversité exceptionnelle et constitue le territoire de plusieurs peuples « non contactés », c’est-à-dire se tenant à l’écart de la société moderne, notamment des Waorani, des Kichwa, les Tagaeri, les Taromenane et les Dugakaeri.
« Les Tagaeri, Dugakaeri et Taromenane ont vu leurs terres envahies pendant des années, d’abord par des missionnaires évangéliques, puis par des compagnies pétrolières. Aujourd’hui, ils ont enfin l’espoir de vivre à nouveau en paix », a réagi dans un communiqué Sarah Shenker, responsable de la campagne de l’ONG Survival pour les peuples non contactés.
Le gouvernement équatorien, qui s’opposait à la tenue de ce référendum, estime les pertes liées à l’arrêt de l’exploitation pétrolière à environ 15 milliards d’euros sur vingt ans. La compagnie pétrolière nationale Petroecuador a toutefois annoncé qu’elle se soumettrait à la « décision souveraine » des Équatoriens. D’autres champs pétroliers sont cependant toujours en activité dans le parc. Le Bloc 43 représentait jusqu’à aujourd’hui 12 % de la production pétrolière de l’Équateur.
« C’est un triomphe historique pour l’Équateur, mais aussi pour la planète entière », s’est réjouie Antonella Calle, du collectif Yasunidos, à l’origine de ce référendum, réclamé depuis dix ans.
« La science a montré que les territoires les mieux protégés dans la lutte contre le changement climatique sont les territoires autochtones. C’est pourquoi nous invitons la communauté internationale à prêter main forte, de manière solidaire et sensible, pour protéger les territoires qui équilibrent la vie de Mère Nature, qui sauvent les espèces et aussi l’humanité », a quant à lui souligné Leonidas Iza, président de l’organisation nationale autochtone équatorienne Conaie.