Les aires marines mieux protégées en associant les communautés locales

Une tortue verte aperçue en Indonésie, en 2017. - Flickr/CC BY 2.0/q phia
Une tortue verte aperçue en Indonésie, en 2017. - Flickr/CC BY 2.0/q phia
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Eau et rivières SciencesPour protéger efficacement la biodiversité marine, mieux vaut impliquer les communautés locales. C’est ce que suggère une étude publiée le 4 mai dans la revue Science Advances. L’équipe de chercheurs a étudié l’évolution de la biomasse de poissons au sein de quatre aires marines protégées indonésiennes entre 2010 et 2016. Leurs résultats montrent que celles administrées main dans la main avec les populations indigènes et locales peuvent s’avérer plus efficaces que celles ayant uniquement recours aux sanctions.
Certaines activités humaines (notamment la pêche traditionnelle) sont autorisées au sein des aires marines protégées évaluées par les chercheurs. Elles ne conduisent cependant pas nécessairement à un effondrement des populations de poissons. Bien au contraire : dans certains cas, leur biomasse a augmenté. Les chercheurs expliquent ce succès par quatre facteurs : la participation des usagers au processus de prise de décision, la définition de règles spécifiques à chaque type d’usage, la mise en place de sanctions progressives et adaptées aux infractions commises, et enfin le soutien du gouvernement national à la gestion locale des ressources. « La manière dont les aires marines protégées sont gouvernées pourrait être autant, voire plus importante que leur taille et les régulations de pêche en place », estiment les auteurs.
La gestion participative des aires marines protégées n’est cependant pas toujours couronnée de succès. Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs pouvant mener à une dégradation écologique. Lorsqu’une part importante de la population dépend exclusivement de la pêche pour vivre ou se nourrir, les aires marines protégées ont tendance à être moins efficaces, observent-ils.
« Une approche juste et inclusive »
Malgré ces limites, les auteurs jugent leurs résultats encourageants. Des négociations internationales sont en cours pour protéger 30 % des zones marines et côtières d’ici 2030. Selon certaines études, il faudrait conserver la moitié de l’océan pour restaurer « substantiellement » la vie marine d’ici 2050.
Mais l’interdiction stricte des activités humaines au sein des réserves intégrales peut parfois générer des conflits, notamment lorsque les communautés dépendent fortement des ressources naturelles pour vivre. « Une participation locale importante pourrait être une approche juste et inclusive pour atteindre les objectifs conjoints de développement et de conservation de la biodiversité au temps de l’Anthropocène », estiment les auteurs.
Attention, cependant, à ne pas extrapoler ces résultats : dans des pays où les normes socioculturelles et institutionnelles sont différentes de celles qui prévalent en Indonésie, la gestion participative des aires marines protégées pourrait avoir des effets « sensiblement différents », préviennent les auteurs, sans nommer les pays en question.