Les chauves-souris vampires s’entraident pour se nourrir

Des chauves-souris vampires. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Oasalehm
Des chauves-souris vampires. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Oasalehm
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AnimauxCertaines chauves-souris tisseraient des liens sociaux avec leurs semblables. Une proximité qui leur permettrait de communiquer et de s’aider afin d’avoir un meilleur accès aux ressources alimentaires.
Rien de tel qu’un repas entre amis pour resserrer les liens. Selon une étude parue dans Plos Biology le 23 septembre, les chauves-souris vampires (Desmodus rotundus) forment des liens sociaux au sein de leurs gîtes, liens qu’elles conservent une fois sorties la nuit. Ces derniers leur permettent de s’entraider lors de leur recherche alimentaire.
Les chauves-souris sont des mammifères de l’ordre des chiroptères et peuvent être insectivores, frugivores, piscivores, nectarivores ou encore des vampires. Elles représentent un quart des mammifères connus avec près de 1 400 espèces dans le monde. La majorité d’entre elles utilisent l’écholocation, un système de localisation qui fonctionne sur un principe similaire à celui du sonar : elles émettent des cris ultrasonores et captent en retour l’écho envoyé par les obstacles, ce qui leur permet de se diriger. Chez les chauves-souris insectivores par exemple, ces obstacles peuvent être des proies, leur permettant d’ajuster leur vol pour les prédater.
Des mécanismes d’entraide étaient connus chez Desmodus rotundus, où les femelles ont été observées en train de régurgiter du sang pour nourrir d’autres individus qui revenaient le ventre vide de leur dernière chasse. Cependant, selon les auteurs de l’étude parue dans Plos Biology — des chercheurs à l’université d’État de l’Ohio, au Smithsonian Tropical Research Institute et au Muséum d’histoire naturelle de Berlin — la persistance de ces liens sociaux et de ces coopérations était inconnue en dehors du gîte.
« Celles qui ont un lien social se retrouvent, s’associent et nous pensons qu’elles se coordonnent »
Pour arriver à ces résultats, les scientifiques ont capturé 50 individus de Desmodus rotundus, une espèce de chauve-souris vampire, au Panama. 27 d’entre eux ont été équipés de détecteurs évaluant la distance avec les autres individus équipés et ont ensuite été relâchés dans leur gîte naturel. Les 23 restants ont également été équipés de ces détecteurs, mais ont été gardés vingt-et-un mois en captivité afin d’analyser leurs comportements. Ils ont par la suite été eux aussi relâchés dans le même gîte que les précédents.
Les chercheurs ont filmé et enregistré les 23 individus en captivité et ont observé que des liens semblent se créer chez les chauves-souris passant beaucoup de temps ensemble au sein du gîte. La fréquence des séances de toilettage entre elles, l’affiliation ou le partage de ressources alimentaires en captivité jouent un rôle dans la force de ces liens sociaux une fois dans la nature.

Grâce aux détecteurs, les chercheurs ont analysé la proximité géographique des 50 chauves-souris la nuit dans la nature. Ils se sont aperçus que ces animaux sortent de leur gîte sans se coordonner avec d’autres individus. Ils volent ensuite indépendamment de leurs congénères jusqu’à retrouver certains qui leur sont socialement proches. « Nous avons découvert que ces chauves-souris quittent le perchoir pour se nourrir indépendamment les unes des autres, mais que celles qui ont un lien social se retrouvent, s’associent et nous pensons qu’elles se coordonnent », a écrit dans un communiqué Gerald Carter, coauteur de cette publication et professeur à l’université d’État de l’Ohio.
À l’aide d’une caméra infrarouge et d’enregistreurs, ce travail a également permis de mettre en lumière une nouvelle forme de vocalisation chez cette espèce. En effet, un cri spécifique est émis lors d’échanges entre individus liés socialement lorsqu’ils sont proches d’une proie.
Par ailleurs, Desmodus rotundus vampirise majoritairement le bétail comme les vaches, qui ont une peau très épaisse. Mordre pour boire le sang est donc difficile et coûteux en énergie. Des combats peuvent alors avoir lieu dans le but d’accéder à des blessures déjà ouvertes par d’autres individus. Il semblerait que ces comportements agressifs de compétition soient moins violents chez les chauves-souris avec un lien social qu’entre des chauves-souris sans lien social particulier. Chez ces chauves-souris, nouer des liens sociaux procurerait donc des avantages dans la recherche et l’accès à des sources de nourriture.