Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefEau et rivières

Les négociations sur la haute mer n’ont pas abouti à un traité de protection

Les océans devront encore attendre. Les négociations pour la haute mer, qui se déroulaient du 7 au 18 mars à New York, n’ont pas abouti à un traité. Les 141 États présents devront de nouveau se réunir afin d’accoucher d’un texte permettant de protéger la moitié de notre planète bleue.

Les océans sont confrontés à de multiples menaces : « Les deux tiers des stocks de poissons sont exploités au-delà des limites durables, a rappelé l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) dans un communiqué. La biodiversité est également affectée par le bruit et les autres formes de pollution provenant des navires. Les activités émergentes telles que l’exploitation minière en eaux profondes peuvent détruire les habitats, dégrader la qualité de l’eau, contaminer les produits de la mer et faire disparaître des espèces. »

À New York, « l’atmosphère était cependant constructive, de nombreux États ont montré une volonté d’avancer vers un accord ambitieux », a nuancé Julien Rochette, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), lors d’une conférence de presse le 18 mars. Plusieurs points font ainsi consensus, notamment la création d’aires marines protégées, où les activités humaines — pêche, transport maritime, extraction minière, tourisme — seraient limitées.

Aires marines, génétique : le flou persiste

Le diable — et les dissensus — se cachent dans les détails. Sur les aires marines, « il n’y a pas eu d’accord sur le mécanisme permettant de créer une aire, ni sur l’instance chargée de valider ou non cette création », a dit Klaudija Cremers, également chercheuse à l’Iddri. La haute mer n’appartenant à personne, beaucoup poussent pour que ce soit une conférence des parties (COP), réunissant tous les pays, qui certifie chaque année de nouvelles zones de conservation.

Autre sujet délicat : les ressources marines génétiques. Les fonds océaniques recèlent quantité d’êtres vivants méconnus, aux capacités souvent incroyables — ils vivent dans l’obscurité, à de très grandes profondeurs — qui attisent la convoitise des industries pharmaceutiques et chimiques, principalement européennes et étasuniennes. Les pays du Sud demandent « un partage équitable des bénéfices » tirés de cette exploitation des organismes marins. « Ils aimeraient une redistribution monétaire et obligatoire [de la part des entreprises et des États occidentaux], mais les pays du Nord sont plus réservés, explique Julien Rochette. Rien n’est encore tranché. »

Après plusieurs décennies de discussion, les États devraient se réunir au cours de l’année 2022 pour un ultime round de négociations et adopter, enfin, un traité. Selon l’UICN, il en va de la survie de l’océan : « L’absence de mesures rapides et efficaces pour faire face aux menaces qui pèsent sur la vie marine et la biodiversité pourrait compromettre la résilience de l’océan face au changement climatique et sa capacité à fournir les ressources et les services nécessaires à la survie de l’Homme. »

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende