« M. Macron, je voterai pour vous, mais votre modernité est dépassée »

Un jeune de 26 ans écrit à M. Macron, et déplore son manque d’intérêt pour l’écologie. Il votera pour lui, mais regrette que sa vision de l’économie soit dépassée.
M. Macron, candidat à la présidence de la République,
L’écologie est absente du second tour de l’élection présidentielle, tant le programme de Marine Le Pen et le vôtre ne traitent qu’à la marge un sujet qui devrait pourtant être central. L’enjeu n’est rien de moins que l’avenir de notre planète et des générations futures si nous n’agissons pas rapidement et fortement.
Je veux vous rassurer. Faire le choix de la défense de l’environnement, ce n’est pas faire le choix de la régression, de l’archaïsme ou du déclinisme. Défendre l’environnement, c’est faire le choix du renouveau, de la modernité et de l’optimisme.
Or aux yeux de beaucoup, et en partie des miens, vous incarnez ce renouveau, cette modernité et cet optimisme.
A 26 ans, je ne suis pas (complètement) désabusé par le fonctionnement de notre société. Je souhaite croire que, si vous êtes élu le 7 mai prochain, vous pouvez être à l’origine d’un nouveau modèle de société porté par un tel triptyque.
Mais plusieurs éléments me font penser que les qualificatifs que l’on vous prête ne tiennent pas en compte la vision de l’environnement que vous avez pu nous présenter. Je souhaite donc vous alerter en toute franchise. Vous incarnez le candidat du renouveau. Mais vous semblez développer une vision peu renouvelée de l’écologie.
Vous restez dans la continuité des politiques environnementales insuffisantes des dix dernières années : de beaux objectifs, sans préciser les moyens d’y parvenir, des propositions mais qui n’ont rien de neuves.
M. Macron, l’écologie ne doit pas s’arrêter à un ministère. Ce ne sont pas des objectifs rangés dans la case « Environnement » d’un programme présidentiel ou quelques milliards dans un plan d’investissement. C’est une vision, un projet de réorientation de nos modes de consommation et de production.
Le renouveau, c’est faire de la protection de l’environnement un projet global de société. Le renouveau, c’est oser sortir d’une écologie a minima. Le renouveau, ce n’est pas le greenwashing, c’est le greenacting.
Vous incarnez le candidat de la modernité. Mais vous semblez partager une vision dépassée de l’économie, qui soulève de nombreuses inquiétudes, en termes :
- de santé (avec notamment les perturbateurs endocriniens et les nanoparticules),
- sociaux (les plus défavorisés sont en première ligne),
- d’emploi et de finances publiques (quel coût pour l’inaction ? Comment adapter les métiers à la nouvelle donne climatique et à la transition énergétique ?),
- de condition animale (un milliard d’animaux mis à l’abattoir chaque année uniquement en France, alors que la consommation d’animaux n’est pas utile à notre santé, bien au contraire).
N’y a-t-il pas plus antimoderne aujourd’hui dans notre monde qu’une personne qui ne saisit pas les enjeux environnementaux (cf. Donald Trump) ?
La modernité, c’est la capacité à proposer un modèle de société soutenable pour notre environnement et les générations futures. La modernité, c’est cesser de croire que la croissance est la mère des solutions. La modernité, c’est refuser de croire que seule l’innovation technologique nous sauvera de notre fuite en avant.

Vous incarnez le candidat de l’optimisme. Mais votre manque de considération vis-à-vis de la protection de l’environnement tend à me rendre pessimiste. Comment peut-on être optimiste en fermant les yeux sur l’avenir ? Votre optimisme semble se résumer à la traduction de l’expression « YOLO » (you only live once/ on ne vit qu’une fois), une version funeste du célèbre carpe diem (cueille le jour présent sans te soucier du lendemain).
L’optimisme, c’est garder seulement ce qui est bon. L’optimisme, ce n’est pas faire l’autruche. L’optimisme, c’est l’espoir.
Aussi M. Macron, je vous demande de me prouver que j’ai tort. Je vous demande de me prouver que vous avez compris la nécessité d’embrasser dès à présent une politique environnementale ambitieuse. Je vous demande de me prouver que vous êtes réellement le candidat du renouveau, de la modernité et de l’optimisme. Car oui je vais voter pour vous, quoiqu’il arrive. Mais je veux voter pour vous par conviction.