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Agriculture

Nos cheptels se réduisent, pas notre consommation de viande

INFOGRAPHIE. En France, la consommation de viande a augmenté de 50 % depuis 1970. Problème : la taille des cheptels diminue. La preuve en chiffres.

Alors que de plus en plus de Français et Françaises déclarent réduire la quantité de viande qu’ils et elles consomment au quotidien, les chiffres de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) viennent les contredire : la consommation française totale de viande n’a jamais été aussi importante. Elle est 50 % plus élevée qu’en 1970.

« La consommation totale de viande est principalement portée par la croissance démographique, explique Lucile Rogissart, cheffe de projet agriculture et alimentation au I4CE et autrice de deux récents rapports sur le sujet. Mais les habitudes individuelles n’ont pas beaucoup progressé. On constate une phase de diminution de la consommation entre 1990 et 2013 environ, qui reste insuffisante pour contrer l’effet général. » Les chiffres sur lesquels se basent les rapports de l’institut sont récoltés via les bilans d’approvisionnement, permettant de passer outre certains biais déclaratifs des enquêtes de consommation, l’autre grande manière d’évaluer comment sont composées les assiettes.

En parallèle, la taille des cheptels français diminue quasiment systématiquement depuis 2000. Comment, alors, expliquer que plus de viande soit consommée ? Si les dynamiques sont différentes pour chaque filière, deux tendances générales se dessinent : d’abord, une hausse de la productivité par animal. Les femelles font plus de petits, il y a donc besoin de moins de femelles pour en produire. Résultat, le cheptel baisse. Ensuite, la forte concurrence des marchés voisins s’accrut. C’est le cas pour la volaille en particulier : le rapport de l’I4CE explique que « la production nationale […] diminue depuis la fin des années 1990, principalement sous la pression de la concurrence de l’Europe de l’Est et du Nord (Royaume‑Uni, Allemagne, Pologne) dont les élevages sont de plus grande taille et plus concentrés ».

L’occasion pour l’économiste de souligner la nécessaire coordination entre la production et la consommation sur le territoire national, notamment pour une question de souveraineté alimentaire. Rappelons que les régimes carnés sont 59 % plus émetteurs de gaz polluants que les régimes végétariens, et que ce sont les hommes qui mangent davantage de viande que les femmes.

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