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Oui, les hommes mangent plus de viande

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Depuis samedi 27 août, la députée écologiste Sandrine Rousseau subit une vague de harcèlement sur les réseaux sociaux à cause d’une phrase prononcée lors d’une table ronde aux journées d’été Europe Écologie-Les Verts (EELV) à Grenoble. Elle y a déclaré qu’il fallait « changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ».

Or c’est un fait : les hommes mangent plus de viande que des femmes et de multiples études scientifiques confirment son propos. C’est écrit dans le panorama de la consommation végétarienne en Europe, réalisé par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc) pour FranceAgriMer ou encore dans une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

Même chose à l’étranger, où des chercheurs britanniques ont calculé que le régime alimentaire des hommes émettait 41 % de plus de gaz à effet de serre que celui des femmes, principalement en raison de leur consommation importante de viande. Une autre étude publiée dans la revue scientifique Appetite montre que plus les hommes déclarent se conformer à une identité masculine traditionnelle, plus ils déclarent manger du bœuf souvent. Aux États-Unis, une étude réalisée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) suggère que les hommes mangent de la viande pour être plus virils.

Un constat partagé par la journaliste Nora Bouazzouni autrice de Steaksisme — En finir avec le mythe de la végé et du viandard (éd. Nouriturfu, 2021). « La viande rouge est l’aliment le plus chargé symboliquement d’un statut viriliste. Si on mange un animal, on absorbe sa vitalité. La viande est associée à la force, au muscle. Elle permet de réaffirmer une domination de l’homme sur tout le reste », avait-elle déclaré dans un entretien donné à Reporterre.

Malgré plusieurs études scientifiques et analyses sociologiques confirmant ses dires, beaucoup d’hommes politiques ont dénigré les propos de Sandrine Rousseau sur Twitter, de l’extrême droite au communiste Fabien Roussel. Le député, qui s’était illustré pour son amour pour la viande durant la campagne présidentielle, en a remis une couche sur Europe 1 avec un très élégant : « Franchement, vous n’allez pas me parler du sexe des escalopes quand même ! » Le communiste a ensuite déclaré qu’on mangeait de la viande « en fonction de ce que l’on a dans le porte-monnaie, et pas en fonction de ce qu’on a dans sa culotte ou dans son slip ». Précisons que les classes populaires mangent plus de viande que les plus aisées — mais de moins bonne qualité. En 2016, un ouvrier ainsi mangeait en moyenne 151 grammes de viande par jour, contre 113 grammes pour un cadre / profession libérale, selon le Credoc.

Les régimes sans viande sont ceux à l’empreinte carbone la plus faible

Enfin, les détracteurs de Sandrine Rousseau évitent le débat de fond : la nécessité de réduire notre consommation de viande pour limiter le dérèglement climatique. Produire de la viande a des conséquences très néfastes sur l’environnement : déforestation, atteintes à la biodiversité, consommation gigantesque d’eau et de céréales… Ainsi, les régimes véganes et végétariens sont ceux à l’empreinte carbone la plus faible, comme l’a montré le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) en 2018.

Les impacts potentiels, d’ici à 2050, des différents types de régimes alimentaires en termes d’empreintes carbone et de pression sur les terres. Giec

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