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En brefMers et océans

Pêche au thon : Bloom porte plainte contre la France et la Commission européenne

Les industriels utilisent des radeaux artificiels, véritable catastrophe environnementale, pour faciliter la prise de thons tropicaux.

Les mers se vident, les lobbies de la pêche montrent les dents, les gouvernements se dérobent… Mais Bloom continue de lutter. L’association de défense des océans a déposé le 10 mai deux recours juridiques contre la France et la Commission européenne. Elle dénonce leur soutien aux « dispositifs de concentration de poissons » (ou « DCP »), un système de pêche délétère massivement utilisé dans l’océan Indien.

L’affaire remonte au début de l’hiver 2023 : le 5 février, la Commission thonière de l’Océan indien (l’organisation internationale qui régule la pêche au thon dans la région) avait voté, par 16 voix sur 23, une résolution interdisant, soixante-douze jours par an, le recours aux « DCP ». Ces radeaux artificiels, utilisés pour agréger les thons tropicaux et faciliter leurs prises, sont une véritable catastrophe environnementale. Comme l’expliquait Reporterre dans un récent article, ils attirent majoritairement des thons juvéniles — ce qui freine le renouvellement des populations — et provoquent la mort de nombreuses espèces menacées.

Contourner la réglementation

Leur interdiction temporaire, adoptée de manière démocratique par la Commission thonière de l’Océan indien, avait été saluée par les défenseurs de l’océan. La France et la Commission européenne risquent cependant de saboter cette avancée écologique : toutes deux ont déposé, début avril, des objections auprès du secrétariat de la Commission thonière, afin de permettre à leurs navires industriels d’échapper à cette nouvelle réglementation. Selon le règlement de la Commission thonière, les résolutions qu’elle adopte ne s’appliquent pas aux membres qui y font objection.

En s’opposant à cette avancée écologique, la France et la Commission européenne se sont, selon Bloom, alignées sur les intérêts des industriels thoniers français et espagnols. « L’Europe continue de jouer un rôle toxique dans l’océan Indien, et elle se doit de revoir sa copie », estime-t-elle. Grâce à ces recours juridiques, elle espère inciter la France et la Commission européenne à changer de cap et à renoncer, elles aussi, aux DCP pour le bien des écosystèmes.

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