Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefPêche

Pêche dans l’océan Austral : des scientifiques réclament un moratoire

Le krill antarctique est l'une des espèces les plus pêchées.

Le 20 octobre, dans la revue Science, dix scientifiques ont réclamé la signature d’un moratoire interdisant temporairement les activités de pêche industrielle dans l’océan Austral. Leurs récentes études permettent en effet d’affirmer que les niveaux actuels de pêche, additionnés au réchauffement climatique, ont des effets dévastateurs sur ces eaux pourtant indispensables à la planète.

« L’océan Austral absorbe de manière disproportionnée le dioxyde de carbone et la chaleur de la planète, contribuant ainsi à réguler la température et à amortir les impacts mondiaux du changement climatique », précise Cassandra Brooks, principale autrice du rapport et chercheuse à l’université du Colorado Boulder. Il abrite certains des écosystèmes marins les plus sains au monde, dont la valeur scientifique et écologique est remarquable.

Aujourd’hui, douze pays continuent pourtant de puiser dans les précieuses ressources de cette région marine. Le krill antarctique, capturé pour être transformé en farine de poisson pour le saumon et la crevette d’élevage, ainsi que la légine, produit haut de gamme servi aux États-Unis, en Europe et en Asie, sont les deux espèces ciblées par les grandes compagnies de pêche.

En l’absence de peuples autochtones ou de communautés de pêcheurs locales, ces activités ne profitent donc qu’à très peu de personnes. En revanche, elles menacent considérablement la chaîne alimentaire dans l’océan Austral. « Cet épuisement localisé a des conséquences importantes pour les prédateurs, y compris les populations de baleines en visite, qui se remettent encore d’un épuisement historique, ajoute le rapport. En raison de la concurrence directe sur ces points chauds, en 2021, la pêcherie de krill a pour la première fois tué accidentellement trois baleines à bosse juvéniles. »

L’appel de ces scientifiques intervient à l’heure où les diplomates de la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) se réunissent en Australie, pour quinze jours d’échanges. Établie en 1982 par une convention internationale, celle-ci a pour mission de conserver la vie marine de la région face à l’intérêt grandissant de la pêche industrielle. Entendra-t-elle cette alerte ? Une chose est sûre, en 2016, elle était déjà parvenue à faire adopter la plus grande aire marine protégée (AMP) du monde, dans la mer de Ross.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront des avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende