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Plan de l’Europe pour l’océan : « La pêche industrielle a de beaux jours devant elle »

Bruxelles appelle les États à « éliminer progressivement », d’ici 2030, le chalutage de fond dans les aires marines protégées, une échéance non contraignante selon les associations de défense de l'océan.

Encore un coup d’épée dans l’eau ? La Commission européenne a publié, mardi 21 février, son « Plan d’action pour l’océan », destiné à verdir le secteur de la pêche. Les quatre documents qui le constituent étaient attendus depuis deux ans par les associations de défense de l’environnement. C’est peu dire qu’elles sont déçues : avec ce plan, « la pêche industrielle, reconnue par les chercheurs de l’IPBES [1] comme la première cause de destruction de l’océan, a encore de beaux jours devant elle », selon la fondatrice de Bloom, Claire Nouvian.

Les populations de cabillauds, flétans, requins, mérous, thons, espadons ou encore de marlins ont diminué de 90 % depuis 1950, déplore l’association dans un communiqué. Un tiers des stocks de poissons de l’Atlantique nord-est et 85 % de ceux vivant en Méditerranée sont victimes de la surpêche.

Face à cette hécatombe, la Commission européenne invite les vingt-sept à fixer leurs quotas de capture annuels de manière plus transparente, en respectant les recommandations des scientifiques. Elle les enjoint également à étendre leurs aires marines protégées, à établir des limites aux prises accidentelles d’espèces vulnérables — comme le dauphin du golfe de Gascogne —, et à soutenir la décarbonation des engins de pêche, qui restent très dépendants des carburants fossiles.

« C’est trop peu et trop lent »

Enfin, Bruxelles appelle les États à « éliminer progressivement », d’ici 2030, le chalutage de fond dans les aires marines protégées. Cette pratique consiste à racler les fonds marins avec des engins tractés. Elle est accusée de détruire des écosystèmes constituant des puits de carbone, de fragiliser les populations de poissons qui y frayent et de favoriser les prises d’espèces non ciblées.

« Nous aurions préféré que la Commission propose des échéances et outils contraignants pour forcer les États membres de l’UE à protéger dès aujourd’hui leurs aires marines protégées, mais la Commission fixe au moins quelques critères clairs qui nous permettront de mettre fin à l’imposture des aires marines protégées “à la française” », écrit l’assocation Bloom.

Pour le reste, l’association juge que le plan d’action de la Commission n’est qu’un remède « placebo ». L’institution, regrette-t-elle, n’a accouché d’aucune mesure contraignante, laissant reposer sur les États « la responsabilité d’agir ». « C’est trop peu et trop lent », a commenté dans un communiqué Rebecca Hubbard, directrice de la coalition d’associations Our Fish, qui dénonce un plan « d’inaction ».

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