Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefSanté

Perturbateurs endocriniens : l’Inserm quantifie pour la première fois l’effet cocktail

L’Inserm a mis au point un modèle mathématique capable d’évaluer les effets de plusieurs molécules en mélange. L’institut national de la santé et de la recherche médicale a étudié onze perturbateurs endocriniens et mis en évidence des effets 10 à 1.000 fois plus élevés que pour la molécule seule.

Les premiers éléments de l’Inserm ont été publiés dans la revue Environmental Health Perspectives. Les chercheurs démontrent pour la première fois chez l’Homme que l’exposition simultanée à des molécules potentiellement perturbatrices endocriniennes exacerbe les effets observés avec les molécules indépendamment les unes des autres.

Pour cela, les auteurs de l’étude ont développé des modèles de prédiction mathématique de ces effets combinés à partir des profils toxicologiques individuels des molécules. Ils ont ainsi criblé 27 molécules, comportant 7 médicaments, 14 molécules chimiques d’usage industriel (pesticides…) et 6 molécules dites socio-culturelles (alcool, caféine…). Onze molécules ont été identifiées comme perturbatrices endocriniennes, plus particulièrement comme anti-androgènes (anti-testostérone), dont certaines pour la toute première fois chez l’Homme. Ces 11 molécules ont ensuite été passées au crible des modèles mathématiques. En parallèle, quatre mélanges ont été testés sur le testicule fœtal humain.

Les résultats expérimentaux corroborent les prédictions mathématiques. « Ceci démontre d’une part, que le modèle établi par les auteurs de l’article est capable de mettre en évidence, pour la première fois sur un organe humain, des effets cocktails et, d’autre part, que les effets combinés observés sont mathématiquement prédictibles », souligne l’Inserm.

Grâce à ces modèles, les chercheurs ont pu démontrer qu’en mélange ces molécules peuvent avoir des effets 10 à 1.000 fois supérieurs que si elles sont seules. « Il existe une fenêtre de sensibilité bien précise au cours du 1er trimestre de développement du fœtus pendant laquelle l’exposition simultanée à des doses faibles de plusieurs perturbateurs endocriniens, laisse entrevoir un risque pour le futur appareil génital et reproducteur de l’enfant », précise Bernard Jégou, directeur de l’Irset et coordinateur de cette étude. « Il apparaît désormais clair, que continuer à focaliser les recherches sur ces produits chimiques « individuels » est de nature à sous-estimer le risque lié à leurs expositions simultanées, particulièrement chez les femmes enceintes », explique l’Inserm.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende