Poulets congelés et poudre de lait : le bas de gamme français s’exporte bien

Élevage de poulets, en 2018. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Association L214
Élevage de poulets, en 2018. - Wikimedia Commons/CC BY-SA 4.0/Association L214
« La souveraineté agricole et alimentaire, c’est la mère des batailles », assénait Emmanuel Macron en septembre dernier. Vraiment ? Loin d’être locale et résiliente, une partie de notre agriculture s’intensifie et s’industrialise avec un objectif : exporter toujours plus. C’est ce que révèle un rapport de trois ONG écolos, publié le 4 octobre.
Nous exportons ainsi 42 % du lait, 39 % du porc et un quart de nos poulets. Vers l’Europe, mais aussi — et de manière croissante — vers les pays en développement. « Ces exportations [concernent] essentiellement des produits très bas de gamme comme le “poulet export” [1], les bas morceaux du porc ou le lait en poudre », précise l’étude. En même temps, la France importe des morceaux plus haut de gamme pour répondre à la demande alimentaire de la population française.
Ce système ubuesque n’est pas sans effets sociaux et environnementaux : dans les pays en développement, « les produits déversés à bas coût déstructurent les marchés locaux et nuisent à leur véritable souveraineté alimentaire ». En France, « la nécessité d’un coût toujours plus bas [pour rester compétitif] entraîne une intensification dont les impacts touchent en particulier le bien-être animal et l’environnement, souligne le rapport. Densité du nombre d’animaux, pollution aux nitrates et à l’ammoniac, émissions de gaz à effet de serre, déforestation importée ».
Greenpeace, Oxfam et le Réseau Action Climat, à l’origine du rapport, appellent donc les pouvoirs publics à réorienter nos stratégies commerciales, « sortir des élevages intensifs et enclencher la transition vers un élevage durable, et accompagner l’évolution des modes de consommation alimentaire ». Pour une souveraineté alimentaire digne de ce nom.