Les bovins du sud-ouest frappés par une maladie transmise par une mouche

Le 3 octobre 2023, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la réouverture des échanges d’animaux vivants avec l’Espagne. - Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Katell Ar Gow
Le 3 octobre 2023, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la réouverture des échanges d’animaux vivants avec l’Espagne. - Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Katell Ar Gow
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Une maladie hémorragique épizootique, transmise par un moucheron aux bovins, sévit dans le sud-ouest de la France. Même si elle est peu létale, elle bloque les exportations d’animaux. Les éleveurs demandent à l’État des aides d’urgence.
Dans son élevage de Blonde d’Aquitaine, une race de vache à viande, situé au pied des Pyrénées à Hélette (Pyrénées-Atlantiques), Ugo Arbelbide compte les jours de blocage. Déjà dix-sept jours qu’il ne peut plus sortir d’animal de son cheptel qui dénombre une cinquantaine de têtes. « Les informations sont un peu distillées au compte-goutte, on a 3 foyers répertoriés dans les Pyrénées-Atlantiques et 16 dans les Hautes-Pyrénées », disait ce membre d’ELB, la branche basque du syndicat la Confédération paysanne, à Reporterre le 2 octobre.
La raison de ce blocage tient en trois lettres : MHE pour maladie hémorragique épizootique. Un virus — non transmissible à l’humain — qui touche les bovins ainsi que les cervidés et contrarie l’exportation des bêtes. Le 3 octobre, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé la réouverture des échanges d’animaux vivants avec l’Espagne à la suite d’un accord entre les deux pays : « On a débloqué la partie espagnole hier, en accord avec la Commission européenne », a-t-il déclaré. Les animaux doivent toujours être testés négatifs et avoir été désinsectisés avant export, car ce sont des moucherons qui transmettent cette maladie. Des négociations sont en cours avec les autres pays (Italie, Grèce, pays d’Afrique du Nord…) À l’échelle française, les broutards — les bovins d’environ 6 mois — sont pour un tiers destinés à l’exportation vers l’Italie et l’Espagne.
Les éleveurs s’inquiètent : que va-t-il se passer à la réouverture du marché ? Les prix de vente ne vont-ils pas s’effondrer avec une offre supérieure à la demande ? La Confédération paysanne réclame donc dès à présent un plan d’aides de la part de l’État français pour couvrir les pertes, une demande sans réponse pour le moment.
Une météo favorable au moucheron
Originaire d’Amérique du Nord, la MHE a fait son apparition sur le continent européen en 2022. Elle a franchi les Pyrénées pour arriver en France pour la première fois fin septembre 2023. Une migration que l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses) attribue au réchauffement climatique : « Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions », précise l’agence dans un communiqué.
Ugo Arbelbide s’attend à ce que les infections continuent d’augmenter : « Personne n’est à l’abri de ce moucheron. En plus, la météo est très favorable : il fait chaud, il n’y a pas d’humidité et un vent du Sud. »
Cette maladie est mortelle dans seulement moins de 1 % des cas, et les animaux ne se contaminent pas entre eux. Seuls les moucherons du genre Culicoïde sont vecteurs de la maladie. Les bovins infectés peuvent présenter des symptômes de fièvre, de l’anorexie, une détresse respiratoire ou encore des boiteries.