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ReportageSocial

Réforme des retraites et écologie : les Gilets jaunes font leur rentrée

Environ 5 000 personnes ont participé à la rentrée sociale des Gilets jaunes en France.

Partout en France, les Gilets jaunes se sont réunis samedi 7 janvier. Près de 5 000 personnes ont dénoncé le coût de la vie, l’inaction climatique et la réforme des retraites.

Paris, reportage

Contre l’inflation, la précarité, l’utilisation abusive du 49.3, la réforme des retraites ou l’inaction climatique du gouvernement, la manifestation de rentrée des Gilets jaunes du samedi 7 janvier ne manquait pas de revendications. « Paris, Acte 114 » : l’appel avait été lancé via les réseaux sociaux. Il a mobilisé près de 2 000 personnes sur la capitale, et 4 700 dans la France entière d’après le ministère de l’Intérieur, d’Angers (Maine-et-Loire) à Strasbourg (Bas-Rhin) en passant par Toulouse (Haute-Garonne) ou Colmar (Haut-Rhin).

Un nombre décevant pour le « grand retour des Gilets jaunes », notamment dû à la « répression policière et aux arrestations abusives », selon Jamel, l’un des organisateurs. À Paris, un impressionnant dispositif policiere a immédiatement nassé le cortège, pourtant autorisé par la préfecture, l’encerclant durant tout le trajet depuis la place de Breteuil jusqu’à Bercy, et procédant à de nombreuses « interpellations préventives » et à quelques gazages.

Près de 5 000 personnes ont participé à la manifestation en France. © Pablo Patarin / Reporterre

« Les flics vont encore dire que c’est nous qui foutons le bordel », se désespérait au départ du cortège Didier, Gilet jaune depuis le début du mouvement, en 2018. Sur place depuis 11 heures pour le rassemblement qui précédait la manifestation, le retraité était venu depuis le Loir-et-Cher pour faire entendre sa voix : « Je suis là à cause du coût de la vie : la nourriture, le gaz, l’électricité… Mais je suis aussi présent pour protester contre le 49.3. Pour moi, nous sommes en dictature. Mais bon, tant qu’il y a le foot, on peut crever de faim ! » Un écœurement partagé par Angèle, militante au Parti ouvrier indépendant arborant un pin’s « Nos retraites n’y touchez pas », présente « contre Macron, le 49.3 et la vie chère ».

La réforme des retraites contestée devrait être dévoilée mardi 10 janvier. © Pablo Patarin / Reporterre

Retraite, climat… Un mois de janvier décisif

Alors que le projet de loi sur les retraites devrait être présenté par Élisabeth Borne, mardi 10 janvier, les contestations étaient au cœur de cet acte 114. « Je devais bientôt m’arrêter, car j’ai déjà 60 ans… Mais c’est surtout pour ma fille que je crains le pire. J’ai envie de dire : bon courage, les jeunes », s’est désolée Laurence, professeure de danse aux côtés de sa fille Lilou, tout juste entrée dans la vie professionnelle.

Étudiantes et étudiants en région parisienne, Dorian, Tina et Orlane ont également dénoncé une injustice sociale : « Les gens vont finir par travailler jusqu’à leur mort. Le report de l’âge de la retraite touche particulièrement les classes populaires, pas ceux qui prennent ce genre de décisions. »

Les personnes mobilisées ont également demandé au gouvernement d’agir en faveur de l’écologie. © Pablo Patarin / Reporterre

Les trois étudiantes et étudiants en BTS de gestion et protection de la nature se révoltent aussi contre l’inaction climatique du gouvernement, que combat avec tout autant de vigueur Patrick Farbiaz, ex-dirigeant d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) ayant fondé Pour une écologie sociale et populaire (Peps), mouvement d’écologie populaire qui soutient les Gilets jaunes depuis le commencement.

Pour lui, ce genre de mouvement populaire, fondé sur l’entraide et l’auto-organisation, ne peut qu’apporter à la lutte écologiste : « En changeant la base sociale des mouvements écologistes, on arrive à de réels changements, on transforme les modes de production en proposant une écologie anticapitaliste. C’est quelque chose que les Verts actuels ne parviennent pas à comprendre. » L’ex-conseiller de Cécile Duflot rend ainsi hommage aux Gilets jaunes, qui ont lutté depuis toujours contre la taxe carbone : « Ils ont aussi donné naissance à la Maison du peuple [le lieu de rassemblement des Gilets jaunes dans les villes], qui préfigure un futur écologique, bien plus que les quelques décisions technocratiques prises entretemps. »

Si la manifestation du jour s’est achevée sur un bilan timide, elle annonce un mois de janvier agité, comme le pensent Laurence, Didier et la plupart des personnes présentes dans la marche. « On est contents de voir le front syndical se constituer sur la question des retraites. Il y a même la CFDT », se réjouit Angèle. Nombre de manifestants ont déjà annoncé leur présence pour la mobilisation de La France insoumise le 21 janvier, ou celle des boulangers du 23.

Reporterre organise avec le journal Fakir une grande réunion publique mardi 10 janvier à 18h30. Infos et explications ici : Écologie, social, bonheur, relançons la bataille des retraites !

© Pablo Patarin / Reporterre

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