Reportage — Center Parcs et Roybon
Roybon : devant le tribunal, les arguments des opposants et des promoteurs du projet de Center Parcs

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Center Parcs et RoybonLa décision du tribunal administratif de Grenoble sur les recours déposés par les opposants au Center Parcs de Roybon sera rendue le 23 décembre. Jeudi 18 décembre, le juge a décidé d’attendre avant de s’exprimer sur la requête de suspension des travaux.
- Grenoble, correspondance
Les travaux sur le projet de Center Parcs de Roybon, dans l’Isère, ont débuté en octobre, après deux arrêtés pris les 3 et 16 octobre par le préfet de l’Isère, dont le premier autorise le chantier au titre de la loi sur l’eau, et le deuxième a donné un feu vert malgré les problèmes que le projet peut poser à une cinquantaine d’espèces protégées et à leur habitat. Ces arrêtés ont été attaqués par les associations opposées au projet. Leur examen s’est déroulé lors d’une audience au tribunal administratif de Grenoble, jeudi 18 décembre, que Reporterre a suivi attentivement.
Les avocats et représentants des opposants, de la société Pierre et Vacances, du préfet et du Conseil général de l’Isère se sont longuement confrontés. La Fédération de la pêche de la Drôme a souligné les risques que le village de vacances pose « pour la fane, en notamment pour des individus adultes de poissons protégés », mais aussi les problèmes liés « à la dégradation des ruisseaux » et « à la qualité des eaux ».
Ensuite, un représentant du préfet a défendu les deux arrêtés, en soulignant « qu’aucune activité de lobbying de la part de Pierre et Vacances n’a été à la base des décisions du préfet », qui « ont été prises uniquement sur la base de l’évaluation de l’intérêt général, aussi du point de vu économique ».
Une vision partagée par le Conseil général de l’Isère, dont l’avocat a souligné plusieurs fois que selon lui, le Center Parcs est « une aubaine pour une territoire qui est en difficulté ».
Puis, la représentante légale de Pierre et Vacances a dit que la société « a bien pris en compte toutes les remarques » formulées fin juillet par la commission d’enquête publique « loi sur l’eau », dont les membres avaient émis unanimement un avis défavorable à la construction du Center Parcs.
Les avocats des opposants, dont celui de l’association Pour les Chambarans Sans Center Parcs, ont souligné qu’après ces modifications, « aucun nouvel avis n’a été rendu de la part d’aucune commission." Ils ont aussi rappelé que "PCSCS est une association de citoyens, on n’a donc aucun intérêt particulier à défendre sauf l’intérêt général ».
La discussion s’est ensuite concentrée sur les emplois qui seront crées par le village touristique : trop peux et trop précaires pour justifier le projet, selon les opposants. Durables et utiles au territoire selon Pierre et Vacances et le Conseil général isérois.
Enfin, les parties se sont confrontés sur les mesures de compensation qui, ont dit les avocats des associations « ont été promises mais ne sont toujours pas mises en œuvre ».
Le juge n’a pas à se prononcer sur la pertinence du village de vacances : il devra s’exprimer uniquement sur la légalité des arrêtés préfectoraux d’octobre et décider la suspension ou la continuation des travaux.
Le défrichement de la forêt est actuellement bloqué par les actions des zadistes, présents depuis quelques semaines sur le chantier.
L’audience s’est achevée vers 13h15. Devant le tribunal grenoblois, deux petits groupes d’opposants et de partisans du projet attendaient dans le calme le verdict : « Nous reviendrons mardi », ont-ils annoncé.
« J’espère que le juge n’aura pas de doutes sur cette tentative de réduire l’intérêt général à des emplois précaires, alors que l’intérêt général concerne la vie de nos enfants, la nature, l’eau », a déclaré Stéphan Peron, président de l’association PCSCP, en sortant du tribunal.
« Pierre et Vacances essaye d’imposer son modèle économique mais la société fait pertes sur pertes depuis des années. Les emplois qu’ils promettent seront-ils toujours là dans cinq ans ? », a-t-il ajouté.

- Stéphane Peron -