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Justice

Soulèvements de la Terre : nouvelle vague de convocations devant la justice

Au micro, Julien Le Guet, le porte-parole du collectif Bassines non merci, a été convoqué par la justice.

Après la dissolution des Soulèvements de la Terre, au moins huit personnes ont été convoquées par la justice. Des rassemblements de soutien sont prévus partout en France le 28 juin.

Cette nouvelle semaine s’annonce encore tendue pour le mouvement écologiste. Après la vague d’arrestations du 20 juin et la dissolution des Soulèvements de la Terre le 21 juin, au moins huit personnes sont convoquées par la justice pour avoir organisé à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) une manifestation interdite (certains pour une action d’octobre 2022, d’autres pour celle de mars dernier) ou appelé à y participer.

Parmi elles, trois participants aux Soulèvements de la Terre, ainsi que le secrétaire général de la CGT des Deux-Sèvres, le secrétaire général de Solidaires 79, le porte-parole de la Confédération paysanne 79, l’ancien porte-parole de la Confédération paysanne Nicolas Girod, et le porte-parole du collectif Bassines non merci, Julien Le Guet. Elles sont attendues simultanément dans différentes gendarmerie mercredi 28 juin. Certaines sont déjà averties qu’elles seront mises en garde à vue, quand d’autres doivent être entendues en audition libre.

Des rassemblements prévus le 28 juin partout en France

Basile, qui se présente comme membre « des Soulèvements de la Terre “administrativement dissous” », annonce que des rassemblements sont prévus à 8 h 45 devant les gendarmeries dans lesquelles seront entendues les personnes convoquées : Niort, Saint-Maixent-l’École, Vertou, Carquefou, Rezé et Dole.

« Le fait de convoquer les personnes de Loire-Atlantique dans différentes gendarmeries ne se justifie pas, sauf à vouloir amoindrir l’expression de la solidarité et empêcher un rassemblement unique », estime Basile. Une coordination inter-orga antibassines appelle ainsi à un rassemblement, des prises de parole, casseroles et pique-nique de soutien à 12 heures à Rezé « pour aller chercher en tracteurs, vélos, voitures les personnes en garde à vue si elles n’en sont pas encore sorties ».

« La répression ne nous étouffera pas »

Juin 2023 marquera sans doute un tournant dans l’histoire du mouvement écologiste français. Deux vagues d’arrestations et de perquisitions, une trentaine de personnes placées en garde à vue, le collectif Les Soulèvements de la Terre dissous… on n’avait jamais vu une telle répression contre des défenseuses et défenseurs de l’environnement. Les autorités justifient ces actions dans le cadre de deux affaires distinctes : l’instruction sur l’action menée en décembre 2022 à l’usine Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) et la procédure lancée suite à la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres).

« Alors que les juges d’instruction sont censés être indépendants, on a assisté à une vague d’arrestations amalgamant deux affaires juridiques bien distinctes, suivies par deux juges d’instruction différents : la juge d’Aix-en-Provence sur l’affaire de la cimenterie de Lafarge et la juge de Niort sur la manifestation de Sainte-Soline, constate Basile. Il est difficile de croire à une simple coïncidence, et de ne pas y voir une vaste opération politique. »

Toujours dans le cadre de la manifestation de Sainte-Soline, une personne a été placée en détention pour dix mois, une est en détention provisoire dans l’attente de son procès, trois autres doivent comparaître le 27 juillet devant le tribunal correctionnel. Dans l’affaire de la cimenterie Lafarge, sur la quinzaine de personnes arrêtées, seules deux sont convoquées le 11 juillet prochain devant la juge d’instruction d’Aix-en-Provence pour « dégradation en bande organisée », alors que le motif de l’interpellation était l’association de malfaiteurs.

Face à cette répression, les amis des Soulèvements de la Terre prévoient plus d’une quarantaine de rassemblements partout en France le 28 juin à partir de 19 heures. Un grand rassemblement est notamment attendu à Paris pour soutenir les personnes convoquées et arrêtées ainsi que pour dénoncer la dissolution. De très nombreuses organisations et intellectuels y participeront. « Ce sera la démonstration que la décision administrative de dissolution est inopérante et inapplicable, juge Basile. L’idée d’une urgence à agir face aux bouleversements climatiques est devenue une idée assez consensuelle désormais. »

« La répression ne nous étouffera pas, insistent les nombreuses organisations, qui appellent aux manifestations du 28 juin. Moins il y a de dialogue et plus les ravages de l’agriculture industrielle sont manifestes — dégradation de l’eau, des conditions de vie et des milieux —, et plus le nombre et la détermination de personnes engagées dans le mouvement contre les mégabassines s’accroissent. »

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