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En brefÉnergie

TotalÉnergies s’apprête à saccager la mer sud-africaine

Une plateforme pétrolière en mer du Nord.

Après l’Ouganda et la Tanzanie, l’Afrique du Sud. Non content d’EACOP, l’« oléoduc du désastre » qui menace les steppes et zones humides d’Afrique de l’Est, TotalÉnergies s’apprête à détruire les eaux profondes sud-africaines. C’est ce qu’ont révélé les associations Bloom et The Green Connection lors d’une conférence de presse, lundi 17 octobre.

Selon leurs informations, la multinationale a demandé il y a quelques semaines une licence de production pour exploiter deux immenses champs gaziers au large des côtes sud-africaines. Les opérations de forage risquent de saccager un écosystème marin exceptionnel, refuge de milliers de baleines à bosse, de cachalots, de pétrels, d’albatros et de tortues luths. Elles pourraient également mettre en péril la pêche artisanale locale.

TotalÉnergies tente depuis 2014 d’exploiter cette zone extrêmement riche en hydrocarbures, située à plusieurs centaines de mètres sous la surface de l’eau. Jusqu’à présent, la puissance des courants et des vents l’en avaient empêché. La multinationale semble désormais avoir trouvé le moyen de dépasser ces obstacles techniques. « C’est un énorme signal qui est envoyé à toute l’industrie des énergies fossiles », craint Swann Bommier, chargé de plaidoyer au sein de Bloom.

« La voie vers un nombre incalculable de bombes climatiques »

L’exploitation de ces champs, dont TotalÉnergies espère tirer jusqu’à un milliard de barils d’équivalent pétrole, pourrait inciter d’autres pétroliers à investir les eaux profondes sud-africaines. « Ce n’est pas juste une énième bombe climatique, a insisté l’activiste Camille Étienne, également présente lors de cette conférence. Il s’agit d’ouvrir la voie vers un nombre incalculable de bombes climatiques. »

Ce projet, pour lequel TotalÉnergies s’apprête à investir trois milliards de dollars, risque de « verrouiller » la transition énergétique de l’Afrique du Sud, selon la fondatrice de Bloom, Claire Nouvian. Il pourrait en effet inciter le pays à investir dans de nouveaux pipelines et centrales à gaz. Autant d’argent qui ne sera pas utilisé pour déployer des énergies renouvelables.

Risque de marée noire en zone vivrière

Les risques de marée noire sont très élevés. La zone étant à la fois très riche en biodiversité et très difficile d’accès, le moindre accident pourrait avoir des conséquences « catastrophiques ». « C’est une zone vivrière très importante pour les communautés de pêcheurs, a expliqué Claire Nouvian. Ils n’ont pas envie de vivre des marées noires qui menacent leurs moyens de subsistance. »

Bloom a lancé une pétition demandant au PDG de Total, Patrick Pouyanné, d’abandonner ce projet « dévastateur ». Elle appelle également le gouvernement français à œuvrer pour la préservation des eaux profondes sud-africaines. « Nous avons affaire à des psychopathes du profit, a estimé le député (LFI) François Ruffin, présent aux côtés de Bloom. On attend des États qu’ils s’interposent, et défendent l’intérêt général, planétaire, face aux intérêts privés. »

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