Un échangeur autoroutier des JO à côté d’une école ? Les parents se rebellent

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Pollutions Santé Écologie et quartiers populaires JO 2024Une cinquantaine d’activistes écologistes, assis sur la route, ont bloqué la circulation près d’une école de Saint-Denis, un département populaire d’Île-de-France. Le but : dénoncer la construction prochaine d’un échangeur autoroutier pour les Jeux olympiques 2024... et la pollution de l’air qui en découlera.
« Éteins ton moteur, respire le bonheur » : vendredi 7 mai, avant 8 heures, des militants écologistes du collectif La rue est à nous — animé par Alternatiba Paris [1] — ont neutralisé la circulation automobile sur le boulevard de la Libération, à Saint-Denis. Les activistes dénonçaient la pollution autour du groupe scolaire Pleyel Anatole France. En vue des Jeux olympiques 2024, un échangeur autoroutier doit être construit à proximité de l’école.
🔴 Action en cours
Des militants écolos @AnvCop21 bloquent une rue pour dénoncer la pollution autour du groupe scolaire Pleyel Anatole France, à Saint-Denis.
En vue des #JO2024, un échangeur autoroutier doit être construit à proximité de l’école. La police est déjà sur place pic.twitter.com/gMcplpQyyA
— Alexandre-Reza Kokabi (@arkokabi) May 7, 2021
Une cinquantaine d’activistes se sont assis sur l’asphalte, bloquant les voitures, et ont rapidement bâti un square, au milieu de la route avec des arbres en carton. Les forces de police, déjà sur place, les ont enlevés en moins de dix minutes. Les militants se sont repliés devant l’entrée de l’école, où ils ont accueilli les enfants avec des marelles et des masques en papier.

« Ici, sept cents élèves de maternelle et de primaire seront pris en étau par un échangeur, empoisonnés chaque jour par la pollution de dizaines de milliers de véhicules. Ce projet est inconcevable », a déclaré à Reporterre Hamid Ouïdir, parent de deux enfants scolarisés dans l’école, et membre de la Fédération des conseils de parents d’élèves du 93 (FCPE 93).
En octobre 2020, la justice administrative a validé la construction de cet échangeur à proximité du groupe scolaire pour desservir le futur « Village des athlètes », qui concourront lors des Jeux olympiques 2024. Les sportifs pourront ainsi arriver à l’heure au Stade de France ou au futur stade aquatique olympique. À quel prix ? « Le quartier est déjà pollué et envahi de voitures, mais comme si ça ne suffisait pas, deux nouvelles bretelles d’insertion et de sortie de l’A86 vont être construites », explique Hamid Ouïdir. Ces deux axes s’ajouteront aux deux bretelles déjà existantes à proximité de Carrefour Pleyel, et une troisième doit être transformée en voie à double sens.

« La vie de nos enfants, ceux du 93, est moins importante ? »
« Aurait-on l’idée de faire pareil à Paris ?, interroge Chafiaa, mère de deux élèves du groupe scolaire. On voit que Paris prend soin de réduire la pollution aux abords de ses écoles. On a l’impression d’être les perdants d’un système en "deux poids deux mesures". La vie de nos enfants, ceux du 93, est moins importante ? C’est ça ? » Selon le rapport de l’Unicef Pour chaque enfant, un air pur, les enfants sont les premières victimes de la pollution, « en raison notamment de l’immaturité de leurs organismes et de la fréquence à laquelle ils respirent (une fois et demie plus élevée que celles des adultes) ». Ainsi, « un grand nombre de pathologies qui prennent racine dès l’enfance et même dès le stade fœtal (asthme, allergies, eczéma, syndromes dépressifs, diabètes, obésité…) sont directement liées à la pollution de l’air ».

« Une sortie d’autoroute à quelques mètres d’une cour de récréation, c’est inacceptable : quel héritage les Jeux olympiques 2024 vont-ils vraiment laisser aux jeunes générations, si ce n’est du béton et de la pollution ? », s’est insurgé Vincent Bezaguet, activiste à Alternatiba Paris, au microphone. Les activistes demandent à la maire de Paris Anne Hidalgo et à Nicolas Ferrand, membre de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), de réviser le projet avec des garanties pour protéger la santé et l’environnement des habitants et des enfants.
Une fois les élèves rentrés en classe, les activistes ont quitté les lieux.