Un groupe français pulvérise des pesticides interdits au Brésil

Certains produits sont épandus sur des surfaces dépassant parfois 400 hectares. - Pixabay/CC/joaolimafotografias
Certains produits sont épandus sur des surfaces dépassant parfois 400 hectares. - Pixabay/CC/joaolimafotografias
Au Brésil, les multinationales du sucre procèdent à de vastes épandages aériens de pesticides hautement toxiques et écocides. Le 25 avril, un consortium de médias internationaux a dévoilé des archives jusqu’ici bien dissimulées des regards. Conservées par le ministère brésilien de l’Agriculture, elles détaillent l’étendue et la fréquence des pulvérisations de pesticides sur les champs de canne à sucre, et les plantations d’orangers dans ce pays d’Amérique du Sud.
Le groupe français Tereos, qui y cultive 300 000 hectares de cannes à sucre pour une production de 1,6 million de tonnes de sucre pour la récolte 2022-2023, est l’une des multinationales épinglées. Il a fait épandre de l’Actara 750 SG, dont le principe actif est interdit depuis 2019.
Les autres exploitations sucrières concernées, qui fournissent notamment le groupe Nestlé, ont aussi fait usage du pesticide Opera. Le principe actif de celui-ci est interdit par l’Union européenne, précisent les journalistes de Mediapart, The Guardian, Die Zeit, Reporter Brasil et du média à but non lucratif Lighthouse Reports. Certains produits sont répandus sur des surfaces dépassant parfois 400 hectares.
Récemment, une étude a été menée par l’université fédérale de Santa Catarina, sur soixante-trois villes concernées par les campagnes d’épandage en 2019. Celle-ci dévoile une corrélation possible entre la pulvérisation de ces pesticides à proximité des logements et une forte incidence de cancers, dans l’État de São Paulo. « Lorsque l’exploitation pulvérise un herbicide puissant, elle finit par tout brûler — notre herbe, nos fruits, nos animaux, nous-mêmes », témoigne dans l’enquête Bianca Lopes, une organisatrice communautaire locale.