Un milliard d’euros contre la fast-fashion et le gaspillage

Des militants ont déversé une tonne de vêtements sur le parvis de Châtelet, au cœur de Paris, le 24 novembre 2022. - © NnoMan Cadoret / Reporterre
Des militants ont déversé une tonne de vêtements sur le parvis de Châtelet, au cœur de Paris, le 24 novembre 2022. - © NnoMan Cadoret / Reporterre
Aujourd’hui, moins d’un vêtement sur 10 est réutilisé ou recyclé. Le reste part à la décharge ou est incinéré, en France ou à l’étranger. Le gouvernement promet que d’ici 2027, un vêtement sur deux sera recyclé. C’est l’un des engagements de la nouvelle feuille de route de la filière du textile, présentée par le ministère de la Transition écologique ce 24 novembre. Et pour y parvenir, il veut mettre les moyens.
Dans une tribune publiée dans Ouest France, Christophe Béchu et Bérangère Couillard annoncent « un investissement d’un milliard d’euros sur 6 ans, payés par les producteurs sur le principe du “pollueur-payeur” contre 150 millions d’euros auparavant ».
Des avantages fiscaux pour les produits écolos
Depuis 2007, la loi impose à chaque producteur de vêtements de contribuer financièrement aux coûts de collecte, de tri et de valorisation des produits usagés. C’est ce qu’on appelle la responsabilité élargie des producteurs (REP), gérée par Refashion (anciennement EcoTLC), l’éco-organisme de la filière. Cette écocontribution est intégrée dans le prix de chaque vêtement mis sur le marché à hauteur de quelques dixièmes de centimes d’euros. « À titre indicatif, le coût de la filière textile pour le consommateur est évalué à 27 centimes d’euros par an », explique Refashion sur son site.
À compter du 1ᵉʳ janvier 2023, la REP sera renforcée grâce au nouveau cahier des charges de l’éco-organisme publié au Journal officiel le 25 novembre. Désormais, l’écocontribution sera plus faible pour les produits plus durables et fabriqués à base de produits recyclés. Des bonus financiers s’appliqueront avec pour objectif de transformer et relocaliser l’industrie textile vers des produits plus vertueux.
Par ailleurs, deux nouveaux fonds vont être créés. Le premier, de 150 millions d’euros, vise à réduire les coûts de la réparation des vêtements et des chaussures, afin d’inciter les consommatrices et consommateurs à allonger leur durée de vie. « Des forfaits réparations moins chers seront ainsi proposés à tous les citoyens en 2023 », prévoit le gouvernement, à l’instar du forfait qui sera mis en place le 15 décembre prochain pour la réparation des appareils électroménagers et électroniques.
Un « écoscore » sur les étiquettes
Le second fonds, de 100 millions d’euros, doit permettre le réemploi et la refabrication de vêtements et chaussures. Il financera « les associations et les entreprises qui remettent en état les textiles usagés pour leur donner une deuxième vie ». Enfin, est aussi prévue la mise en place d’une filière de recyclage des textiles « performante pour refabriquer des fibres recyclées sans consommer de nouvelles ressources ». Les associations et entreprises comme Envie, Emmaüs, Le Relais ou encore Renaissance Textile devraient bénéficier de ces nouvelles mesures pour développer leurs activités.
Enfin, l’État ambitionne de mettre en place d’ici la fin de 2023 un écoscore sur les étiquettes des produits textiles afin de guider les consommateurs vers les articles les plus vertueux, à l’image du Nutri-score pour les aliments.