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En brefPesticides

Un tiers de l’eau potable en France est contaminé par un pesticide

Plusieurs zones sont concernées, notamment l’ensemble du Bassin parisien, capitale incluse.

C’est une catastrophe souterraine que révèle dans un rapport du 6 avril l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Un tiers de l’eau potable distribuée en France serait non conforme à la réglementation et pollué par les métabolites du chlorothalonil, un pesticide commercialisé par Syngenta, utilisé depuis 1970 et interdit en 2019. Dans un article du Monde, un responsable technique d’un gros opérateur public dit être « convaincu que plus de la moitié de la population française est concernée ». Certaines eaux embouteillées ne seraient également pas épargnées.

De grandes zones densément peuplées sont touchées, notamment l’ensemble du Bassin parisien, capitale incluse. Mais le milieu rural aussi. En Loire-Atlantique, sur 550 000 abonnés au service public de l’eau Atlantic’Eau, 490 000 reçoivent une eau qui n’est pas conforme — soit environ 90 % de la population desservie — avec une teneur en métabolite 2 à 6 fois au-dessus de la norme de qualité. Dans d’autres communes, notamment dans l’Oise, les taux sont vingt-deux fois supérieurs à la norme.

Les conséquences sont d’abord économiques. Le financement de la dépollution coûte cher et la facture pourrait se chiffrer en milliards d’euros. Une partie risque également de demeurer durablement ingérable. Les filières de traitement conventionnelles ne parviennent pas à se débarrasser de cette molécule. Aucun effet sanitaire du métabolite en question n’est avéré à ces doses d’exposition, mais les données restent pour l’instant très lacunaires.

Selon Le Monde, la Première ministre Élisabeth Borne a été mise au courant de la situation le 26 mars, soit quatre jours avant que le président de la République Emmanuel Macron ne présente son Plan eau. Le constat de la contamination des ressources hydriques par des métabolites de pesticides en est toutefois absent. Le jour de l’annonce du plan, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, annonçait en outre sa volonté de maintenir en usage le S-métolachlore, dont les métabolites sont également responsables d’une pollution à grande échelle des nappes phréatiques françaises.

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