À Milan, 10 000 jeunes marchent pour le climat… et leur avenir

Vendredi 23 septembre, à Milan. - © Caroline Bordecq/Reporterre
Vendredi 23 septembre, à Milan. - © Caroline Bordecq/Reporterre
Durée de lecture : 4 minutes
Luttes Climat MondeDans la capitale lombarde, des milliers de jeunes ont marché pour le climat. Un rassemblement symbolique à deux jours des élections législatives italiennes, que pourrait remporter une extrême droite climaticide.
Milan (Italie), reportage
Depuis les couloirs du métro de Milan, on entend déjà les jeunes militants de la Marche pour le climat entonner leurs slogans. « Qui ne saute pas est Cingolani, eh ! » scandent-ils à l’encontre du ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani. Il est 9 h 30 et le cortège, organisé par le groupe local de Fridays For Future (le mouvement lancé en 2018 par Greta Thunberg), s’apprête à quitter le château des Sforza, au centre de la ville.
Vendredi 23 septembre, les jeunes du monde entier ont été appelés à se mobiliser pour le climat. En Italie, plus de 60 villes oont participé à l’événement. Hasard du calendrier : la manifestation se tenait deux jours avant les élections législatives anticipées du 25 septembre. « C’est un moment très fort pour souligner qu’aucun parti n’a un programme climatique suffisamment ambitieux et pour exprimer toute la colère des jeunes qui ne sentent pas représentés », explique Cecilia Fiacco, une étudiante en Lettres de 19 ans et militante de Fridays For Future.
Parmi les jeunes présents, beaucoup n’ont pas encore l’âge de voter. Pour Alex, une lycéenne de 16 ans, participer à cette manifestation c’est donc « un premier engagement politique important, une prise de position pour le futur que nous voulons ». Et en ce qui concerne le climat, le futur, justement, ne la rassure pas. « Les fondations qui sont mises en place sont fragiles. Quand ce sera à notre tour d’être adultes, rien n’aura été préparé », déplore-t-elle.

Pour Serena Vitucci, militante de Fridays For Future, c’est le présent qui inquiète : « Les effets du changement climatique sont déjà là », assure l’enseignante de 28 ans. Pour preuves : les catastrophes environnementales qui ont frappé de plein fouet l’Italie cet été, comme l’effondrement du glacier de la Marmolada dans les Dolomites, les nombreuses inondations, ou encore la sécheresse dans le Nord du pays. « Je me rappelle encore ma mère qui s’émerveillait dès qu’il pleuvait, comme si c’était une chose étrange », raconte Alessia, une lycéenne de 16 ans venue de Monza, près de Milan, avec ses amies.
« Alors on s’est dit pourquoi ne pas agir nous aussi ? »
Face à l’urgence, Fridays For Future a présenté un agenda en cinq points contre la crise climatique et sociale. Parmi les mesures : la gratuité des transports publics locaux. « Milan se dit à l’avant-garde internationale et pourtant cette mesure n’a même pas été prise en considération ! » affirme Cecilia Fiacco. Au contraire : les prix des transports pourraient bientôt augmenter.

Les militants sont en marche depuis une heure quand l’une des organisatrices annonce que 10 000 personnes ont rejoint le cortège. « Après quatre ans de Fridays For Future, les rues sont encore pleines ! » exulte la jeune fille au micro, provoquant une explosion de joie dans la foule.
Riccardo a 12 ans et cette manifestation est une grande première pour lui. « Je voulais voir ce que ça faisait d’être réunis tous ensemble pour une même cause. Et ça me rend heureux », confie-t-il sourire aux lèvres et pancarte à la main. C’est d’ailleurs lui qui a encouragé sa mère et son ami de classe à participer à la marche. « Après avoir lu des livres de Greta Thunberg je me suis rendu compte qu’il fallait faire quelque chose », explique-t-il d’une voix déterminée.
Dans cette foule de jeunes militants, l’activiste suédoise en a inspiré plus d’un. Comme Miriam, 16 ans, venue de Côme, à 40 km de Milan. Il y a quatre ans, elle a lancé un collectif dans son école pour instaurer le tri des déchets. « On voyait Greta Thunberg et d’autres activistes qui avaient le même âge que nous, alors on s’est dit pourquoi ne pas agir nous aussi », se souvient-elle.

12 h 30, le cortège arrive au siège de la région lombarde. Organisés en demi-cercle, les manifestants font résonner un dernier cri. Avant de partir, des militants distribuent un ticket de transport gratuit à toute la foule. Une façon pour eux de montrer le bon exemple aux autorités.
