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ADN, factures, filatures… Le « flicage » des opposants aux mégabassines

Les avocats des militants dénoncent une « logique de criminalisation ».

C’est un dispositif policier hors-norme qui encage désormais les opposants aux mégabassines. À l’image de celui qu’avaient subi les militants antinucléaires de Bure il y a quelques années. Jeudi 5 janvier, jour d’un procès de manifestants antibassines, Libération a révélé les méthodes de surveillance mise en place par les enquêteurs pour réprimer ce mouvement en pleine croissance.

Géolocalisation en temps réel, analyse des relevés d’imposition, de Caisse d’allocations familiales (CAF) ou d’assurance maladie, étude des factures téléphoniques, identification de l’entourage des suspects, fichage généralisé… Le journal évoque « une débauche de moyens », « disproportionnés », pour retrouver celles et ceux qui auraient saboté des bassines au cours des manifestations l’année dernière. Les bassines abîmées, celles de novembre 2021 notamment, avaient été ensuite jugées illégales, rappelle le quotidien.

ADN sur un trognon de pomme

Un groupe dédié de gendarmes a d’ailleurs été constitué à la section de recherche de Poitiers (Vienne) — une unité habituellement chargée du « haut du spectre » délinquant et criminel. Après les manifestations, la police scientifique s’est attelée à retrouver différents profils génétiques laissés sur des objets collectés (autocollants, restes de feux d’artifice, bonnet, couteau et même trognon de pomme).

Des filatures ont été mises en place pour suivre les suspects, des photographies ont été prises sur la voie publique. Des gendarmes ont fait des centaines de kilomètres pour suivre un individu déposer son enfant à la crèche puis au supermarché, avant de se rendre compte qu’il ne correspondait pas au profil. D’autres militants se sont retrouvés au centre d’investigations poussées. Les gendarmes ont envoyé des réquisitions à l’Urssaf et épluché leurs factures téléphoniques. Ils ont dressé un schéma des relations personnelles d’un suspect et exigé d’autres réquisitions aux opérateurs téléphoniques.

« Une logique de criminalisation »

Dans un autre article, Libération raconte aussi comment les opposants « ont été identifiés grâce à des méthodes policières très sophistiquées qui s’apparentent à celles du renseignement, ou de la lutte contre la criminalité organisée ».

Les avocats des prévenus Lise-Marie Michaud et Pierre Huriet dénoncent une « logique de criminalisation » : « Le seul fait de participer à ces mouvements antibassines est suspect, il y une surveillance de tous ces réseaux et un zèle incroyable. […] La prévention des troubles à l’ordre public ne peut pas justifier un tel niveau de flicage. » Les prévenus en procès risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. D’autres militants passeront en procès ce vendredi pour des dégradations et des violences commises sur des forces de police.

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