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Au Jardin sans pétrole, les frelons ont droit à leur part du raisin

Plus de cinq ans après une taille sévère, la vigne du Jardin sans pétrole a donné de belles grappes dorées, que les jardiniers ont – un peu – partagé avec les frelons.

Pour la première fois, nous avons récolté du raisin. Quelque 12 kilos de belles grappes dorées, cueillies sur plusieurs semaines. Notre vigne est un cépage blanc, sans doute un cultivar de chasselas, variété de vigne ancienne, dont la parenté originaire de Suisse, remontant à plus de 400 ans, a donné une abondante descendance.

La treille du Jardin sans pétrole.

Elle était là sur la clôture du fond, derrière les ronces. Elle avait grimpé sur le frêne et le saule des oiseleurs, lancé ses tiges ligneuses en tous sens. Elle aurait peut-être donné du raisin que nous n’aurions pu atteindre si nous l’avions laissé, mais au printemps 2013, dans notre fièvre défricheuse, Jean-Marie a rabattu à un centimètre du tronc toutes les tiges orientées vers le sol et taillé les belles branches ouvertes vers le ciel à 10 cm. Les années suivantes, la taille fut plus douce et, l’hiver, son tronc fut débarrassé des mousses et badigeonné d’un mélange d’argile, de bouse de vache et de jus de prêle pour fortifier les parois végétales et éloigner les moisissures. Comme les tomates, elle a eu quelques fois des pulvérisations d’ail frais pour chasser le mildiou. Il lui a fallu deux ans pour produire ses premières grappes. L’année dernière, la récolte était prometteuse, mais, à trop attendre que le raisin mûrisse, nous avons été floués par les grives et autres frelons. Cet été, Jean-Marie a dégainé un filet qu’il a soigneusement déployé sur les grappes et attaché à la clôture, mettant ainsi les grains alléchants hors de leur portée. Nous avons délicatement soulevé le filet pour couper les grappes… en compagnie des frelons. Ces derniers ont été attirés en nombre par les pêches, qui, elles, n’étaient pas protégées… Dommage, les quelques-unes que nous avons pu déguster étaient sucrées, avec cette amertume délicate propre aux fruits sauvages.

Pourvu que l’on ne contrarie pas leur recherche de nourriture 

Quand le frelon s’invite à notre table, notre mouvement d’humeur vire à la confrontation. Ici, dans le jardin, les frelons européens (Vespa crabro) sont à leur affaire et assez dociles pourvu que l’on ne contrarie pas leur recherche de nourriture. Il y a bien assez de raisin pour laisser çà et là quelques « grappettes » à même de les contenter.

Quand il ne creuse pas les fruits mûrs ou l’écorce tendre des jeunes arbres, le frelon européen se nourrit de toutes sortes d’insectes. Au printemps prochain, les jeunes femelles fécondées qui auront survécu à l’hiver deviendront reines et construiront leur nid pour pondre. En mai, les premiers œufs viendront à éclore : les larves seront alors nourries de bouillie de chenilles. Et tandis que la reine continuera à pondre jusqu’à la grande parade nuptiale de septembre, les ouvrières nourriront les larves de toutes sortes de guêpes, de chenilles, araignées, sauterelles, libellules et papillons… et se nourriront elles-mêmes de nectar de fleurs et de fruits.

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