Une lionne aperçue dans un parc national du Tchad : du jamais-vu depuis 2004

Le 22 février 2023, un dispositif de surveillance a capté le passage inattendu d'une lionne, au fin fond de la savane tchadienne. - Wildlife Conservation Society
Le 22 février 2023, un dispositif de surveillance a capté le passage inattendu d'une lionne, au fin fond de la savane tchadienne. - Wildlife Conservation Society
Paisible, elle s’allonge sur le sol sablonneux sans se douter qu’une caméra enregistre discrètement la scène, en noir et blanc. Le 22 février, un dispositif de surveillance a capté le passage inattendu d’un animal emblématique, au fin fond de la savane tchadienne. Au beau milieu de la nuit, une jeune lionne a réveillé les détecteurs de mouvement de l’appareil, dissimulé dans un arbuste du parc national Sena Oura. Si cette apparition nocturne est si surprenante, c’est que plus aucun lion, lionne et lionceau n’avait été observé dans ce parc… depuis 2004.
Dans les années 2000, « la région a connu une période de braconnage organisé et impitoyable », détaille l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS) dans un communiqué. Traqués et abattus pour leur peau, ou bien enlevés pour être vendus à l’étranger, ces grands fauves ont disparu à petit souffle. Chargée du recensement des populations animales, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avait d’ailleurs classé les lions comme « espèce éteinte » dans cette région du Tchad.
Dans le monde, moins de 24 000 lions subsistent à l’état sauvage
Alors d’où vient ce félin, à la musculature synonyme de bonne santé ? Quelles raisons l’ont amené à faire route jusqu’ici ? Une chose est sûre : aucune intervention humaine ne se cache derrière son mystérieux retour. Le pays d’Afrique centrale n’a pas lancé de processus de réintroduction de l’espèce sur son territoire. Une enquête a donc été ouverte par des chercheurs pour tenter de résoudre cette intrigue.
Depuis 1990, petite et fragmentée, la population de grands fauves s’est effondrée de 66 % en Afrique de l’Ouest et du Centre. « Ils sont considérés comme étant en danger critique d’extinction, précise l’organisation. Les lions d’Afrique occidentale et centrale sont génétiquement distincts des populations plus robustes d’Afrique orientale et australe, et leur rétablissement est particulièrement précieux. » La création du parc national, en 2008, tente de freiner cette hécatombe de la biodiversité. Sur toute la planète, seuls 22 000 à 24 000 lions subsistent à l’état sauvage.