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Celles et ceux qui feront la politique environnementale de Macron

Des experts ont planché pendant des mois sur les propositions environnement, énergie et agriculture du nouveau président de la République. Reporterre vous dresse la liste de ses conseillers environnementaux les plus influents.

Réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique d’ici 2025, interdiction progressive des pesticides, 50 % de produits bio, locaux ou labellisés dans la restauration collective... Qui se cache derrière le programme environnement d’Emmanuel Macron ? Et quels sont les hommes et les femmes qui piloteront sa politque sur l’environnement ?

« Deux groupes de travail sur l’énergie et l’environnement, d’une dizaine d’experts chacun, ont été formés en septembre 2016. Ils ont fusionné fin février 2017 », raconte Julien Marchal, ex-conseiller énergie, environnement et industries extractives du cabinet d’Emmanuel Macron quand il était ministre de l’Économie, très impliqué dans ce processus. Des ponts ont également été jetés vers un troisième groupe consacré aux questions agricoles. « Le programme a été rédigé par des experts de tous horizons — ONG, élus, etc. — qui travaillaient sur leur temps libre et ne communiquaient pas à l’extérieur, précise M. Marchal. Quand le programme a été dévoilé, le 4 mars 2017, d’autres personnes ont contribué à le relayer. » Deux outils ont permis de communiquer sur les différentes mesures : le compte Twitter Écologie en marche ! et le groupe Transition écologique en marche (Teem) « qui a réalisé des fiches utilisables par les comités de soutien ». Reporterre vous propose la liste — non exhaustive — des experts de Macron sur l’environnement.

  • Arnaud Leroy

Arnaud Leroy est député (Parti socialiste) des Français établis hors de France, membre à l’Assemblée nationale de la commission du développement durable et président du groupe d’étude sur le changement climatique. « J’étais en contact avec Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre, raconte celui qui est rapidement devenu un des porte-parole du candidat d’En marche !. Je suis parmi les membres fondateurs du mouvement et j’ai co-initié le groupe de travail sur l’environnement. Emmanuel Macron a très vite vu qu’il y avait un enjeu de modèle de production à revoir. Il aborde cette question avec un souci de réalisme très marqué. » Comment envisage-t-il la suite, puisqu’il ne s’est pas présenté aux élections législatives ? Au futur ministère de l’Environnement ? « Mon nom circule parmi d’autres », se contente-t-il de répondre.

Arnaud Leroy.

Diplômé en droit maritime et droit international de la mer, Arnaud Leroy a commencé sa carrière comme assistant parlementaire de Gérard Onesta, alors vice-président (Les Verts) du Parlement européen. Il a ensuite prolongé son action politique au sein des Verts en étant nommé secrétaire général de la délégation des Verts français au Parlement européen, puis membre du conseil national et enfin secrétaire régional adjoint du Nord–Pas-de-Calais. Il a rejoint le Parti socialiste (PS) en 2005. Il est également membre de l’Agence européenne de sécurité maritime (Emsa).

  • Julien Marchal

Julien Marchal a participé aux groupes de travail sur le programme énergie et environnement du candidat d’En marche !. Et maintenant ? Il ne s’est pas présenté aux élections législatives. « J’ai grandi en Franche-Comté, mais je fais partie des déracinés qui sont venus vivre à Paris pour des raisons professionnelles. Je n’ai d’ancrage local nulle part », justifie-t-il. Surtout, il a été recruté le 1er mars 2017 à DCNS énergie, une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables marines. « Maintenant qu’Emmanuel Macron a été élu président de la République, il va falloir choisir : soit un poste de conseiller dans un cabinet ministériel, soit DCNS énergie. Impossible de cumuler les deux ! » Pour l’instant, sa décision n’est pas tranchée.

Diplômé de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, Julien Marchal a auparavant travaillé plusieurs années à la direction générale de l’Energie et du climat du ministère de l’Écologie, d’abord comme adjoint au chef du bureau des énergies renouvelables puis comme adjoint au chef du bureau des affaires extérieures de l’énergie nucléaire. Il a rejoint l’Élysée en 2012 comme chargé de mission Energie puis comme conseiller adjoint Energie et logement à la présidence de la République. Il a intégré le cabinet d’Emmanuel Macron en septembre 2014 comme conseiller Energie, environnement et industries extractives, ce qui lui a permis de devenir un fin connaisseur du code minier. Il n’a jamais pris sa carte au PS mais était membre du think tank Terra Nova en 2011-2012, « d’où [son] implication dans la campagne de François Hollande ».

  • Diane Simiu

Directrice des programmes au WWF France depuis avril 2014, Diane Simiu a changé de poste et est passée à temps partiel pour pouvoir piloter le groupe de travail sur le programme environnement d’Emmanuel Macron, où elle a eu à cœur d’intégrer des experts issus de la société civile, précise un membre du groupe. Discrète, elle préfère ne pas répondre aux demandes d’interview sur son travail au sein du mouvement En marche !, qu’elle dit réaliser à titre strictement personnel et en-dehors de son activité professionnelle.

Diane Simiu.

Diplômée de l’École polytechnique et d’un master en génie de l’environnement à l’université de Berkeley (Californie), Diane Simiu a commencé sa carrière au sein du département Développement durable de Price Waterhouse Coopers. Elle a intégré la direction générale de l’Energie et du climat du ministère de l’Écologie en 2009, comme chargée de mission sur le système européen d’échange de quotas. En 2011, elle prend la tête du bureau des marchés du carbone, où elle est chargée de définir des politiques aux échelles nationale, européenne et mondiale.

  • Philippe Zaouati

Spécialiste de finance verte, Philippe Zaouati a participé au groupe d’experts sur l’environnement d’En marche ! ainsi qu’au groupe d’experts sur le financement de l’économie. « J’ai pas mal travaillé sur l’implication de la finance dans le plan de financement de long terme, sur l’évolution de la régulation bancaire et sur le financement des énergies renouvelables », précise-t-il. Référent du mouvement dans le XIIe arrondissement de Paris, il a choisi de ne pas se présenter aux élections législatives. « J’ai créé il y a trois ans une société de gestion d’actifs spécialisée dans le développement durable, Mirova, filiale de Natixis, explique-t-il. J’en suis le directeur général et je souhaite continuer à la développer. »

Diplômé de l’École nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), Philippe Zaouati était auparavant directeur général délégué de Natixis, spécialisé dans l’investissement responsable. Il a occupé avant cela des postes de direction au sein du groupe CDC, de la Banque postale et du Crédit agricole. Il est également membre depuis décembre 2016 du groupe d’experts sur la finance durable de la Commission européenne.

Philippe Zaouati.

Des experts mais aussi des politiques venus de l’écologie

D’autres experts ont participé à ces groupes de travail.

  • Comme Sébastien Mabile, avocat spécialisé en droit de l’environnement et enseignant à Sciences Po Paris et à l’université d’Aix-Marseille, qui a été notamment président de la commission Droit et politiques environnementales du comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et représentant de la Fondation Nicolas Hulot au Conseil national de la transition écologique (CNTE).
  • Ou encore Bettina Laville, conseillère d’État et cofondatrice du Comité 21, qui a été directrice de cabinet du ministre de l’Environnement Brice Lalonde et conseillère pour l’environnement de Lionel Jospin.
  • Baptiste Perrissin Fabert, fait partie des super-diplômés : normalien en sciences sociales et ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts, c’est un spécialiste du prix du carbone et de la finance climat. Travaillant à France Stratégie, il a été co-rapporteur de la mission confiée par Ségolène Royal à Pascal Canfin, Alain Grandjean et Gérard Mestrallet sur les prix du carbone.
  • Audrey Bourrolleau. La référente agriculture d’Emmanuel Macron s’est mise en congé de son poste de déléguée générale à l’association Vin & Société, qui fédère tous les acteurs de la filière, pour pouvoir assumer sa nouvelle fonction. Petite-fille d’agriculteurs, diplômée de l’École de commerce de La Rochelle, elle a effectué la majeure partie de sa carrière dans le milieu du vin, chez Baron Philippe de Rothschild, France Boissons puis à l’Union des côtes de Bordeaux.
  • Mathias Ginet, diplômé de Sciences Po Paris, de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et de l’ENA, a été chargé de mission environnement et développement durable au ministère de l’Environnement.

Enfin, des personnalités de l’écologie politique qu’on ne présente plus, ralliées au candidat d’En marche ! ont contribué au programme et l’ont présenté au grand public.

  • Ainsi, Corinne Lepage, avocate, présidente de Cap 21/Le rassemblement citoyen et ancienne ministre de l’Environnement sous la présidence de Jacques Chirac, a pris position en janvier 2017 en faveur d’Emmanuel Macron, dans une tribune publiée par Reporterre. Elle « a été consultée dès les mois de novembre-décembre sur les questions de climat et d’énergie », rapporte Julien Marchal. « Elle s’est ensuite fait représenter dans les groupes d’experts et s’est surtout impliquée dans la partie communication en lançant Écologie en marche ! »
  • Quant à Matthieu Orphelin, ancien porte-parole de Nicolas Hulot et qui a rejoint la direction économie circulaire et déchets de l’Ademe après la COP21, il a rejoint Emmanuel Macron un peu plus tardivement et a largement contribué à la médiatisation du programme environnemental du candidat. Il se présente aux législatives à Angers.
  • Il n’aura pas un rôle opérationnel, mais Daniel Cohn-Bendit a soutenu Emmanuel Macron dès 2016 et le conseillera sans doute à l’occasion. D’ex-députés EELV ont aussi rejoint le candidat devenu président, tels Barbara Pompili et François de Rugy. Un ministre de l’Environnement de Jacques Chirac, Serge Lepeltier, soutient aussi M. Macron.
Nicolas Hulot.
  • Conseiller, ou davantage ? Nicolas Hulot l’apprécie, même si, avait-il expliqué à Reporterre, « Emmanuel Macron ne présente pas la même cohérence, la même exigence [écologique que Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon]. Mais je ne peux pas non plus dire qu’il y a rien sur l’écologie dans son programme. Il existe quand même des divergences entre nous, notamment sur la question du nucléaire. »

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