Climatoscepticisme : Elon Musk dérape encore sur Twitter

Pour Elon Musk, ce qu'il se passe à la surface de la Terre, comme l'agriculture, n'a pas d'impact sur le changement climatique. - Flickr/CC BY-NC 2.0/Thomas Hawk
Pour Elon Musk, ce qu'il se passe à la surface de la Terre, comme l'agriculture, n'a pas d'impact sur le changement climatique. - Flickr/CC BY-NC 2.0/Thomas Hawk
« Il est important de noter que ce qu’il se passe à la surface de la Terre (par exemple l’agriculture) n’a pas d’impact significatif sur le changement climatique. » Voilà ce que tweetait le 25 juin Elon Musk, milliardaire et propriétaire du réseau social Twitter, en complète contradiction avec ce qu’affirme le consensus scientifique. « Au fil du temps, si nous continuons à faire cela [émettre du carbone], la composition chimique de notre atmosphère changera suffisamment pour induire un changement climatique significatif », écrivait-il, là encore en décalage avec les faits et la multiplication déjà bien présente des catastrophes provoquées par le réchauffement du climat.
De nombreux chercheurs sont rapidement montés au créneau pour rétablir les faits. « C’est complètement faux. 1) L’agriculture et le changement d’attribution des terres (déforestation, urbanisation etc.), c’est environ 25 % des émissions de GES [gaz à effet de serre] cumulées depuis 1750. 2) Les sols agricoles/écosystèmes sont le principal levier de stockage de carbone par la photosynthèse », a répondu, par exemple, l’agroclimatologue Serge Zaka.
C'est complètement faux 😰.
1) L'agriculture & le changement d'attribution des terres (déforestation, urbanisation etc.), c'est 25% des émissions de GES cumulées depuis 1750.
2) Les sols agricoles/écosystèmes sont le principal levier de stockage de carbone par la photosynthèse. https://t.co/Z9U5jYaLNH— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) June 25, 2023
« Les faits sont les faits : l’agriculture émet du carbone (déforestation, pertes de carbone du sol) et émet du méthane et du protoxyde d’azote. L’agriculture est responsable d’un tiers des émissions anthropiques de gaz à effet de serre, soit environ 18 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par an. C’est bien documenté dans des publications scientifiques peer reviewed », a insisté, de son côté, Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE).
Une tendance préoccupante
Les propos d’Elon Musk sont d’autant plus mal venus qu’ils interviennent dans un contexte de regain de vigueur du dénialisme climatique sur Twitter. Une étude publiée en février par des chercheurs du CNRS notait que 30 % des comptes abordant les questions climatiques étaient tenus par des climatodénialistes. À l’échelle française, « la communauté dénialiste produit ou relaie 3,5 fois plus de messages toxiques que la communauté Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) », alertaient les chercheurs.
La tendance s’aggrave de manière préoccupante depuis le rachat de Twitter par Elon Musk l’an dernier : plusieurs chercheurs témoignent de la perte de visibilité de leurs comptes tandis que la nouvelle politique de la plateforme la rend plus permissive avec les bots et comptes relayeurs de désinformation climatique.