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Animaux

Comment sauver les oiseaux des griffes de votre chat

Les chats chassent tout particulièrement les petits oiseaux granivores ou frugivores.

Collerette multicolore, grille anti-chat, dispositif à ultrasons… Des solutions existent pour que nos compagnons à poils ne deviennent pas la bête noire des oiseaux du jardin.

Avec Henri, ça n’a pas marché : « Quand nous lui avons glissé la collerette multicolore autour du cou, il n’a manifesté aucune gêne ou mauvaise humeur. Mais cinq minutes plus tard, il revenait avec un jeune merle dans la gueule ! » Ce collier en tissu aux couleurs de l’arc-en-ciel, Élodie l’a acheté pour son chat âgé d’un an et demi, aux longs poils blancs et gris. À la fois très intelligent, câlin et attachant, Henri serait un chat parfait, selon sa propriétaire, excepté ce très gros défaut : « Il tue tout ce qui est beau… L’an dernier, nous avions au moins trois nids dans le jardin, dont un de merles. Il allait chercher les petits jusque dans le nid ou les attrapait lorsqu’ils apprenaient à voler », se désole cette arboricultrice du Maine-et-Loire, qui a déjà pensé à s’en séparer.

Préconisé par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), ce collier Birdsafe « fait appel à la vue exceptionnelle des oiseaux, même avec peu de lumière », explique l’association dans son catalogue. Grâce à lui, les bêtes à plumes sont alertées très tôt de la présence du prédateur. Des études scientifiques le prouvent. Avant d’essayer cette collerette, Élodie avait équipé son chat d’un collier avec des clochettes. Sans plus de succès… « Il réussit à chasser à pas feutrés sans faire tinter les grelots. J’ai déjà eu plusieurs chats dans ma vie, mais je n’imaginais pas qu’un chat pouvait autant tuer. »

Le collier Birdsafe, proposé par la LPO, alerte les oiseaux de la présence du prédateur. © LPO

Le moineau et le rouge-gorge, premières victimes

Henri n’est pas un chat hors du commun. « Quasiment tous les chats qui ont accès à l’extérieur peuvent être des prédateurs », considère la LPO. Or, on évalue en France à quatorze millions le nombre de chats domestiques ayant un propriétaire et de huit à dix millions celui de chats errants. « En 2021, près de 11 % des animaux accueillis en centre de sauvegarde LPO étaient des animaux blessés par un chat domestique : 90 % étaient des oiseaux, 10 % des mammifères ou des reptiles », a comptabilisé la Ligue.

Pour mieux cerner le phénomène, la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) mène depuis 2015 une enquête participative. Elle a recueilli près de 40 000 données auprès des citoyens et citoyennes volontaires. Premiers enseignements de cette collecte, dont les résultats n’ont pas encore été publiés : « Sur les 95 espèces d’oiseaux répertoriés parmi les proies des chats, les oiseaux les plus prédatés sont le moineau domestique, le rouge-gorge familier, puis le merle noir », dit Nathalie de Lacoste, animatrice du programme Chat domestique et biodiversité à la SFEPM. Des proies plutôt faciles pour le chat : « Le moineau est granivore et peut facilement venir à la mangeoire ; les deux autres, plus frugivores et insectivores, se nourrissent surtout au sol. »

Viennent ensuite les mésanges bleues et charbonnières. « Mais on a aussi ponctuellement des espèces plus grosses comme des pigeons, des canards… ou même des pics. Bref, en bons prédateurs opportunistes, les chats peuvent attraper tout ce qui passe. » Selon les observations, une proie sur deux n’est pas mangée.

Des espèces déjà menacées

Pour autant, les chats ne sont pas responsables de la diminution des passereaux, soulignent les deux organisations naturalistes. Ainsi, le déclin du moineau domestique observé depuis plusieurs années est d’abord attribué à la pollution, à la perte de son habitat (disparition des trous de nidification) ou encore au manque de nourriture. « La prédation par les chats domestiques s’ajoute à ces menaces, les rendant encore plus vulnérables », estime Nathalie de Lacoste. Même analyse de la LPO qui met en exergue une présence possiblement problématique, « dans les zones semi-urbaines où la faune est déjà sensible à cause de l’installation de l’homme ».

Si, à l’instar de Henri, la collerette Birdsafe n’a pas l’effet escompté sur votre chat, la LPO préconise d’autres systèmes et astuces :

  • les manchons anti-prédateurs ou les grilles à picots « Stop minou » à enrouler ou à assembler autour du tronc des arbres ;
  • le dispositif à ultrasons, appelé « catwatch », aurait également fait ses preuves, selon la LPO et son homologue britannique, la RSPB (Royal Society for the Protection of Birds). Après deux années de tests dans 150 jardins, le système aurait montré « une diminution progressive et significative » de la présence des chats dans les jardins équipés. Toutefois, il peut aussi éloigner les rongeurs et les renards. Attention aussi à ne pas acheter n’importe quel dispositif à ultrasons. Seul le catwatch a été testé par la LPO. Et il coûte près de 40 euros ;
  • la LPO a également testé avec succès un répulsif « maison », à base d’eau, de jus de citron et d’huile essentielle d’Eucalyptus radiata.
Le système catwatch permet d’éloigner les chats de vos jardins grâce à des ultrasons. © LPO

L’adoption de quelques principes de précaution peut aussi limiter les carnages :

  • installer les mangeoires assez haut. Trop près du sol, elles rendent les oiseaux plus vulnérables ;
  • privilégier toujours des endroits dégagés pour installer les mangeoires en hiver ou les abreuvoirs en été, loin des zones de végétation ;
  • opter pour des nichoirs avec balcon qui empêchent le chat d’accéder avec sa patte jusqu’au nid ;
  • confiner son chat le plus possible, notamment « aux périodes de l’année et de la journée les plus sensibles » : envol des jeunes, crépuscule, période qui suit un épisode de froid ou de pluie…
  • jouer avec son chat pour le stimuler : à défaut, il risque de s’ennuyer et « de manifester des moments d’agressivité, notamment à l’aube et au crépuscule, quand l’activité prédatrice est maximale ».

« Aucune solution ne supprimera totalement les dégâts ou les victimes, prévient la LPO, mais le cumul de solutions contribuera à en réduire le nombre. À chacun de mettre en place les dispositifs adaptés à son chat ou à celui du voisin, ainsi qu’à son jardin et ses aménagements. »

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