Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

Culture et idées

Contre l’effondrement, il nous faut « reconquérir une contemplation joyeuse et décidée du monde »

Partant de la célèbre phrase de Dostoïevski, « La beauté sauvera le monde », l’ancien grand reporter Jean-Claude Guillebaud exprime, dans un ouvrage optimiste, les mille raisons de s’émerveiller du spectacle du vivant.

C’est un appel optimiste à retrouver un regard étonné que lance ici Jean-Claude Guillebaud. Partant de la célèbre phrase d’un personnage de Dostoïevski, « la beauté sauvera le monde », l’ancien grand reporter exprime à partir de son expérience les mille raisons de s’émerveiller du spectacle du monde. C’est d’abord la nature que, depuis son refuge villageois non loin d’Angoulême, il observe : les blaireaux, sangliers, putois, genettes, fouines, couleuvres le passionnent, ces « habitants d’un monde d’avant », mais heureusement bien vivants pour qui a la patience de les regarder.

Le reporter se remémore aussi ses innombrables voyages, où tant de fois il a goûté le « surgissement de la beauté ». Car, comme le dit le poète Xavier Grall, « tout est fabuleux pour qui sait regarder ». Mais point besoin d’aller au bout du monde pour s’étonner : c’est en regardant la télévision que Guillebaud devenu fasciné par cette lucarne qui montre ce qu’« aucune génération avant la nôtre n’avait pu contempler d’aussi près et avec une telle précision » : « La somptuosité de notre planète et des vivants qui l’habitent. » Car le monde n’est pas fini, les limites n’en sont pas atteintes, tant qu’il y a encore à découvrir.

Dans l’espèce de conversation libre et plaisante qui fait le style de Guillebaud, il rappelle aussi qu’on peut s’émerveiller d’autre chose que des images, que le passé des grottes paléolithiques ou des cathédrales médiévales peuvent, par exemple, susciter le même sentiment, ou que les « belles personnes » font naître l’émotion de la lumière, tel, par exemple, ce puissant intellectuel, Cornelius Castoriadis, que notre époque redécouvre peu à peu. En fait, comme le disait Chesterton — que cite Guillebaud dont les lectures sont aussi innombrables que les arbres d’une forêt libre —, « ce ne sont jamais les merveilles qui manquent, mais la faculté de s’émerveiller ».

Pourtant le monde s’enlaidit, le capitalisme le détruit, l’angoisse de l’effondrement guette. Pour enrayer cette spirale désespérante, nous dit Guillebaud, autant que la lutte, il nous faut pratiquer ou « reconquérir une contemplation joyeuse et décidée du monde ». Soyons joyeux et décidés, pour préserver cette beauté, empêcher qu’elle se délite, en relisant ces mots puissants d’Albert Camus en 1957 : « Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »


Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce mois de septembre, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les derniers mois de 2023 comporteront de nombreuses avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela. Allez-vous nous soutenir cette année ?

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre n’a pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1€. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

📨 S’abonner gratuitement aux lettres d’info

Abonnez-vous en moins d'une minute pour recevoir gratuitement par e-mail, au choix tous les jours ou toutes les semaines, une sélection des articles publiés par Reporterre.

S’abonner
Fermer Précedent Suivant

legende