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Encore Demeter ? Dans le Gard, la gendarmerie fait circuler un curieux questionnaire aux paysans

C’est avec surprise qu’un dimanche matin, Bruno et Béatrice Tisserand, pépiniéristes à Saint-Ambroix dans le Gard, ont vu arriver chez eux des visiteurs inattendus. « J’étais comme chaque matin en train d’arroser les plantes, et là j’ai vu débouler trois gendarmes », racontent-ils. « On leur a demandé ce qu’ils venaient faire ici, ils ont sorti un papier. »

En l’espèce, un questionnaire demandant des informations sur l’exploitation, et les « problématiques éventuellement rencontrées », à savoir les vols et les actes d’agribashing. « Tous les renseignements sur notre activité sont déjà enregistrés à la chambre d’agriculture, j’ai refusé de remplir », nous explique M. Tisserand. Plusieurs de ses collègues agriculteurs des environs ont également été contactés par les gendarmes, qui se sont aussi rendus au marché local afin d’entrer en contact avec les producteurs. « On prend contact avec tous les agriculteurs de la circonscription », nous confirme la gendarmerie de Saint-Ambroix.

La Confédération paysanne du Gard s’en est émue dans un communiqué début juin : « Des gendarmes qui se rendent sur des fermes ou directement sur des marchés, qui font remplir des formulaires sans expliquer pourquoi à des paysannes et des paysans qui n’ont rien demandé…. C’est de cette manière que se déploie actuellement la cellule Demeter dans le département du Gard », estime le syndicat.

« On craint que ces formulaires soient un début de prise de renseignement », indique Paul Ferté, porte-parole départemental du syndicat. « Que les gendarmes agissent contre le vol, c’est bien — après il existe déjà des dispositifs. Mais l’agribashing, cela ne correspond pas à la réalité du terrain. »

La cellule de renseignement Demeter de la gendarmerie nationale a été lancée fin 2019 afin de lutter contre les « atteintes au monde agricole », mais a été dénoncée comme un système de surveillance des militants écologistes et vegans.

Au nom de cette cellule de renseignement Demeter, des gendarmes avaient convoqué début juin, en Corrèze, le juriste et porte-parole de l’association Sources et Rivières du Limousin, évoquant... une interview donnée en janvier où il s’opposait à la construction de serres de tomates industrielles. Plus tôt en février, ils s’étaient déjà invités à une réunion de militants anti-pesticides dans le Tarn. En décembre, c’est le président de l’association Alerte pesticides Haute-Gironde qui avait eu le déplaisir de devoir assurer à la gendarmerie qu’un paisible après-midi de tables rondes n’avait pas pour but d’organiser des actions violentes.

Dans le Gard, la gendarmerie locale se veut rassurante : « Pour l’instant, tous les agriculteurs que l’on a vu nous ont indiqué qu’ils n’avaient pas de problème d’agribashing », nous indique-t-on.

  • Source : Reporterre
  • Photo : Un verger en Tourraine. Andycreations / Wikipedia

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