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Nature

Fleurs, oiseaux, insectes : les chiffres inquiétants du déclin

Parc national des Écrins, Hautes-Alpes, juin 2021.

Allons-nous vers une sixième extinction de masse ? Les oiseaux meurent, les vertébrés sauvages disparaissent... Un million d’espèces seraient menacées d’extinction. La crise de la biodiversité, en trois graphiques.

Près de la moitié (49 %) des espèces d’oiseaux sont en déclin dans le monde – et une espèce sur huit est menacée d’extinction. Au cours des 150 dernières années, les activités humaines ont provoqué la perte de 83 % de la biomasse animale sauvage, et de 41,5 % de celle des végétaux [1]La biodiversité se porte mal.

La biodiversité, c’est quoi exactement ? Cela renvoie à l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie qui se trouvent sur la Terre – plantes, animaux, insectes, champignons, bactéries, virus… — et à leurs interactions. Du 7 au 19 décembre prochain se tiendra, à Montréal, la COP15, consacré à ce sujet. Reporterre en profite pour vous livrer un aperçu de la crise de la biodiversité en trois graphiques.

D’après l’indice Planète Vivante du WWF, entre 1970 et 2018, la taille moyenne des populations de vertébrés sauvages a décliné de 69 %. Certains chercheurs considèrent même qu’une sixième extinction de masse a commencé – la dernière étant celle des dinosaures. En effet, si l’on prend en compte les invertébrés, les chiffres s’affolent, assurent des chercheurs américains et français dans un article en anglais publié dans la revue Biological Reviews. « Ce n’est pas 0,04 % des espèces qui ont disparu en l’espace de 500 ans, comme le dit l’UICN, mais 10 % des espèces animales et végétales connues », expliquait l’un des auteurs, Benoît Fontaine, ingénieur de recherche au Muséum d’histoire naturelle à Paris, à FranceTVinfo.

Récifs coralliens, amphibiens, oiseaux… plus de 41 000 espèces animales et végétales sont menacées d’extinction d’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sur les près de 147 000 espèces étudiées. En ajoutant les insectes, qui représentent 75 % des 8 millions totales d’espèces animales et végétales estimées dans le monde, on atteindrait près d’1 million d’espèces menacées d’extinction.

C’est le constat d’un rapport de la plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) publié en 2019 : « La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine — et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier. »

Les milieux de vie ne sont pas épargnés : 75 % du milieu terrestre est « sévèrement altéré » par les activités humaines, c’est le cas de 66 % du milieu marin. Agriculture intensive, étalement urbain... Dans l’Union européenne, la dégradation des habitats naturels s’intensifie, comme le pointe un rapport de l’Agence européenne de l’environnement (AEE). Au moins 81 % de ces espaces sont dans un état de conservation « défavorable » sur la dernière période analysée (2013-2018), contre 77 % sur la période précédente.

Or des terres et des sols sains sont primordiaux à la vie sur Terre, aussi bien pour la production des aliments que pour la survie des espèces.

Selon le rapport de l’IPBES, les causes de ce déclin sont nombreuses. Elles sont d’abord liées aux changements d’usage des terres et de la mer (dus à l’urbanisation, l’agriculture intensive…), à l’exploitation, des forêts par exemple, mais aussi au changement climatique, à la pollution et aux espèces exotiques envahissantes. Le principal responsable de ces dégradations reste l’humain avec ses activités destructives qui exercent des pressions constantes sur le vivant.

Le climat et la biodiversité sont intrinsèquement liés : quand l’un souffre, l’autre aussi, et vice versa. Une biodiversité riche est cruciale pour atténuer les bouleversements dus au réchauffement climatique : celle-ci permet en effet de séquestrer du CO2. « Des sols et des tourbières en santé, des écosystèmes marins riches et des forêts diversifiées permettent un meilleur stockage du carbone », confirme Greenpeace. Des forêts en bonne santé limitent les glissements de terrain, les récifs de coraux protègent les littoraux des événements extrêmes…

Alors, que faire ? Un récent rapport, rédigé par des experts du climat (Giec) et de la biodiversité (IPBES) préconise d’opter pour des « solutions basées sur la nature ». Un exemple ? La transformation des systèmes agricoles : mettre en place des mesures de conservation des sols et réduire l’utilisation d’engrais bénéficierait à la fois aux espèces végétales et animales, et absorberait l’équivalent d’entre trois et six gigatonnes de dioxyde de carbone par an.

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