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Animaux

J’ai testé pour vous : élever des poules dans mon jardin

Depuis octobre, je suis fière propriétaire de deux poules pondeuses noires, de race marans. Fabriquer un poulailler, bien les nourrir, les protéger des prédateurs : récit de mes débuts dans l’élevage d’une basse cour en quartier résidentiel.


-  Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), correspondance

Depuis peu, j’ai emménagé dans un quartier nouveau et résidentiel, en périphérie d’une ville. Un endroit plutôt chic : les appartements sont récents, les jardins bien grillagés, les voisins discrets, les familles modèles. Mais voila : dans mon coquet jardinet, j’ai installé deux poules.

Deux poules, dans un lotissement comme celui-là, ça détonne. Les gens ont parfois un potager ou quelques plantes d’ornement venues de l’autre bout du monde. Alors quand mes poules sont arrivées, j’ai vu dans le regard de mes voisins un peu d’étonnement et de méfiance.

« Nous, copropriétaires, émettons des réserves sur le vagabondage de vos poules », nous a-t-on fait comprendre. Avouons que, durant les premiers jours, elles se promenaient librement dans le jardin et la plus intelligente avait bien compris que l’herbe est toujours plus verte chez le voisin : elle commençait à se percher sur les grillages délimitant la propriété.

- La marans est une poule originaire du Marais poitevin, entre Charente Maritime et Vendée. -

Grillage et bois de récup’

J’ai donc décidé de construire un poulailler de fortune. Quelques amis bricoleurs, et en une après-midi, voila construite une cabane : du bois de récupération, une palette et, pour le toit, une plaque ondulée achetée dans un magasin de bricolage. Nous avons également fabriqué un petit enclos grillagé pour qu’elles puissent sortir sans s’enfuir. Leurs quelques tentatives pour franchir la barrière nous ont conduits à grillager aussi le dessus.

Voila comment je me suis mise à élever des poules pondeuses, récupérées dans un élevage industriel. Elles ont gardé des séquelles de leur vie passée en batterie : notamment le bout du bec coupé, une pratique censée éviter qu’elles ne se piquent entre elles. Conséquence : mes poules sont moins habiles pour manger, notamment pour picorer le grain.

Cette nouvelle vie semble leur convenir. Les poules sont faciles à élever. Mais elles restent des animaux qui ont leurs besoins propres. J’ai appris sur le tas. Pourquoi ma poule perd-elle ses plumes ? Est-ce la mue saisonnière, une gale ou des poux ? Comment leur apporter une alimentation équilibrée ? J’ai appris que les poules ont besoin d’un apport en protéines, que l’on trouve notamment dans la viande.

- Le poulailler est placé au fond du jardin, pour ne pas indisposer les voisins avec les odeurs et les mouches. -

J’ai la chance de compter parmi mes proches de nombreux poules-addict. Ils sont devenus mes conseillers techniques. J’ai aussi dégoté un livre très pratique de Michel Audureau, journaliste aux 4 saisons du jardin bio et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet : J’élève des poules dans mon jardin, aux éditions Ulmer.

Des goûts raffinés

Tous les matins, au lever du soleil, je vais ouvrir la porte de leur cabane. Leurs petits gloussements impatients me font comprendre qu’elles attendent mon arrivée. Elles sautent de leur perchoir pour aller s’ébrouer dehors et picorer la ration de grains du matin. Le soir, lorsque la nuit tombe, elles rentrent d’elles-mêmes dans le poulailler et se perchent pour la nuit. Je ferme la porte pour les protéger des prédateurs : rats, renards, fouines, etc.

- Au menu, du blé, de l’orge, du maïs, des restes de pommes de terre cuites, des épluchures de carotte et de champignons. -

Au fil des jours, j’ai découvert chez elles un goût raffiné. Elles ne sont pas très friandes de fenouil ou de poireau cru. Par contre, elles raffolent de raisin et de biscottes ramollies. Chaque jour, je leur prépare une belle gamelle de restes variés, qui donnerait l’eau à la bouche à n’importe quel gallinacé. Une heure plus tard, la nourriture est éparpillée dans tout l’enclos. C’est comme ça, les poules : ça s’étale. Adieu, pelouse

Ça s’étale et ça creuse des trous. Aïe, que va dire le propriétaire de mon appartement, qui tient à son beau gazon ? En une semaine, les poules ont gratté la terre et le carré que délimite l’enclos ressemble maintenant à un terrain de guerre : trous, restes de nourriture éparpillés, herbe arrachée. Je décide alors de déplacer le poulailler régulièrement – disons, toutes les deux semaines – pour que l’herbe ait le temps de repousser là où les poules sont passées. Mon système de rotation fonctionne plutôt bien.

Mes poules pondeuses ne sont pas les plus productives de la planète. Je retrouve un œuf par semaine, en moyenne. Est-ce à cause du changement d’environnement ou de saison ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’elles ont besoin d’un petit coin d’intimité pour pondre.

Les poulaillers vendus dans le commerce sont munis de pondoirs, qui s’ouvrent sur le dessus pour récupérer les œufs. Mes proches m’ont conseillé de leur mettre une petite boîte garnie de paille, pour qu’elles s’y sentent bien.

- Première victime de mes poules : le gazon. Ici, après deux semaines de grattage et de picotage. -

Créatrices de lien social

Grâce à mes poules, j’ai rencontré mes voisins. Cible facile : le petit blondinet d’à côté, quatre ans. Toujours grimpé sur sa petite moto en plastique, il n’a pas tardé à s’intéresser de près à notre élevage. L’occasion de discuter avec le papa. De l’autre côté, la voisine a tout de suite été conquise. « J’avais des poules aussi, avant. » De temps en temps, elle me donne du pain rassis ou un reste de chou.

- Un bon guide : le livre de Michel Audureau, J’élève des poules dans mon jardin. -

Les poules peuvent picorer jusqu’à 150 kg de déchets organiques par an : épluchures, restes de repas, vieux fruits... C’est autant de déchets en moins dans la poubelle : celle-ci peut ainsi être allégée d’un tiers de son poids.

Un animal écologique, qui permet d’alléger la poubelle d’un tiers de son poids et de produire des œufs de qualité. Mais les poules, ça ramène aussi à quelque chose d’ancien et de familier. C’est presque un retour à l’enfance, où la plus grande joie était de trouver un œuf bien chaud pondu dans une botte de foin.

C’est aussi, quoi qu’on en dise, un retour à la terre : dans ces fermes où les poules vagabondaient librement entre les engins agricoles et les animaux d’élevage.

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