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Libertés

La police du « Macronavirus » attaque la liberté de s’exprimer par banderole

Sur les contreforts du massif du Vercors, dans la ville de Die, les autorités répriment au nom de l’écologie. Ce vendredi 24 avril 2020, sur la demande du maire, Gilbert Trémolet, la police municipale est venue frapper à la porte d’un appartement situé place de la République, aux fenêtres duquel avaient été déployées des banderoles, pour exiger leur retrait. Selon le journal local Ricochet, « ces banderoles n’étaient ni diffamatoires, ni haineuses, ni discriminatoires ». Pourtant les policiers ont menacé d’infliger une amende de 135 euros par jour si les banderoles n’étaient pas retirées. Ils se sont appuyés sur le Code de l’environnement et les dispositions particulières dont fait l’objet le parc naturel régional du Vercors.

Comme le rappelle le journal : « Ce souci soudain de l’environnement est étonnant. Il n’a pas prévalu lorsqu’il s’est agi d’autoriser la construction ou l’extension des grandes surfaces qui jalonnent l’entrée de Die. » Les policiers n’ont jamais empêché l’affichage de banderoles qui annoncent la tenue du rallye automobile de Monte Carlo, à l’orée de la ville, ou celles, installées par Intermarché contre la vie chère. « Que la protection de l’environnement soit mise en avant pour entraver et réprimer la liberté d’expression est proprement scandaleux, concluent les auteurs de l’article. La vitalité de la démocratie a besoin de l’expression de la diversité de nos opinions, et ce d’autant plus en ce moment. »

La justice de M. Macron réinvente le délit d’offense au chef de l’État

L’exemple de Die n’est pas isolé. Partout en France, des militants et des militantes ont été sommés par la police de retirer leurs banderoles accrochées aux fenêtres ou aux balcons. À Toulouse, une jeune femme a été placée en garde à vue pour une banderole « Macronavirus, à quand la fin ? », sur sa maison. Tous ses colocataires ont aussi été auditionnés. Une enquête a été ouverte pour outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et confiée à la direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Cette procédure est d’autant plus absurde que l’offense au chef de l’État est un délit aboli depuis 2013. Les présidents de la République Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac ne l’avaient jamais invoquée. M. Macron, si, donc.

Des intimidations similaires se sont reproduites à Paris et à Rennes. À Caen, un étudiant de 23 ans a reçu la visite de la police à domicile pour une banderole « Il y en a de l’argent magique, du fric pour le service public. » À Marseille, des policiers ont forcé la porte d’un squat pour fouiller les lieux et ont convoqué au commissariat plusieurs des habitants.

La ligue des droits de l’Homme dénonce « une police politique ». Par solidarité, à Toulouse et ailleurs, les banderoles « Macronavirus » se multiplient. Une vidéo mise en ligne par la CGT du centre hospitalier universitaire de Purpan, à Toulouse, montre aussi les photos de 500 personnes qui posent avec le même message.

  • Source : Reporterre
  • Photos : Ricochet

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