Le changement climatique rend les océans plus bruyants

La pollution sonore provoquée par les navires pourrait être cinq fois plus forte dans certaines parties de l’océan d’ici la fin du siècle. - Wikimedia Commons/ CC BY-SA 2.0 Deed/Penny Higgins
La pollution sonore provoquée par les navires pourrait être cinq fois plus forte dans certaines parties de l’océan d’ici la fin du siècle. - Wikimedia Commons/ CC BY-SA 2.0 Deed/Penny Higgins
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Nos émissions de gaz à effet de serre rendent-elles l’océan plus bruyant ? C’est ce que suggère une équipe de chercheurs dans une étude publiée le 10 octobre dans la revue scientifique PeerJ. Leurs résultats ont été obtenus grâce à un modèle mathématique. Ils suggèrent qu’en cas de réchauffement modéré à sévère du climat (les scénarios SSP2-4.5 et SSP5-8.5), la pollution sonore provoquée par les navires pourrait être cinq fois plus forte dans certaines parties de l’océan d’ici la fin du siècle. La faute à l’acidification de l’océan et à la perturbation des courants océaniques.
En plus d’entraver la production des coquilles et des squelettes des animaux marins, l’acidification de l’océan diminue sa capacité d’absorption du son aux fréquences inférieures à 10 kilohertz (kHz), expliquent les chercheurs. En dessous de 500 hertz (Hz), l’absorption du son pourrait diminuer de 40 %. Cela devrait permettre au son de se déplacer plus aisément dans l’eau.
La modification des courants marins, et notamment de la circulation méridienne de retournement atlantique (ou « Amoc »), devrait également affecter le paysage sonore des poissons, dauphins et autres créatures océaniques. Les scientifiques anticipent que le ralentissement de cette circulation océanique — probablement dû (en partie) à la fonte de la glace continentale —, pourrait créer un « tunnel » sonore dans les 200 premiers mètres sous la surface de l’eau. Ce tunnel devrait permettre aux bruits générés par les navires de se propager sur de longues distances, supérieures à 500 kilomètres.
Dans les régions les plus affectées, comme l’Atlantique Nord, le bruit pourrait augmenter de 7 décibels jusqu’à 200 mètres de profondeur. Une catastrophe pour la vie marine : « En l’absence d’une bonne visibilité sous-marine, les poissons et les mammifères marins communiquent principalement grâce au son, a expliqué dans un communiqué l’océanographe Luca Possenti, l’auteur principal de cette étude. Si les poissons ne peuvent plus entendre leurs prédateurs, ou si les baleines ont davantage de mal à communiquer entre elles, cela affectera l’écosystème dans son ensemble. »