Le Chili rejette la Constitution écologique et sociale

Des Chiliens célèbrent le rejet du projet de nouvelle Constitution après les résultats du référendum, à Santiago, le 4 septembre 2022. - © AFP/Martin Bernetti
Des Chiliens célèbrent le rejet du projet de nouvelle Constitution après les résultats du référendum, à Santiago, le 4 septembre 2022. - © AFP/Martin Bernetti
Durée de lecture : 3 minutes
Monde Politique62 % des Chiliens ont voté « Non » à la proposition de nouvelle Constitution écologique, lors du référendum de dimanche 4 septembre. Un échec qui oblige le président Gabriel Boric à convoquer une nouvelle assemblée.
Santiago (Chili), correspondance
Les Chiliens ont dit « Non ». Dimanche soir, ils ont rejeté à 62 % le projet de nouvelle Constitution qui aurait pu remplacer celle héritée de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990). Ce rejet massif a été confirmé avant 20 h 30, alors que les rues de tout le pays se noircissaient de foules brandissant des drapeaux chiliens. Beaucoup se sont réunis sur la Plaza Dignidad, épicentre de la révolte sociale de 2019 à Santiago. Cette même place où le peuple andin exigeait une nouvelle Constitution, une éducation gratuite, une sécurité sociale universelle ou encore des droits pour la Nature.
Depuis la révolte sociale, le Chili a connu un basculement politique. La gauche a remporté les cinq dernières élections, et a initié le processus constitutionnel qui proposait une Constitution reconnaissant « un État social démocratique de droits, plurinational, interculturel et écologique ». Mais la proposition n’a pas convaincu. « Il n’y a pas eu de consensus dans ce processus constitutionnel, a déclaré à la presse Javier Macaya, porte-parole de la Coalition de Chile Vamos (droite conservatrice). Il est impossible de dissocier le gouvernement de Gabriel Boric du rejet de cette proposition de Constitution. »
José Antonio Kast, ex-candidat d’extrême droite, rival déchu du président Gabriel Boric, s’est exprimé, lui aussi. C’était sa première apparition médiatique depuis sa défaite en décembre 2021. Pour lui, « ce processus constitutionnel n’apportait qu’insécurité, incertitude et pauvreté » et « le Chili a évité un chemin qui menait la patrie à l’échec ». Il a terminé son intervention en affirmant que « cette grande défaite est aussi celle du président Gabriel Boric ».
🇨🇱 | "El que no salta es comunista" : Siguen los festejos en Chile por el triunfo del Rechazo contra la Constitución de extrema izquierda. pic.twitter.com/42zU0ePjD5
— La Derecha Diario (@laderechadiario) September 5, 2022
Nouveau processus constitutionnel
À 20 h 30, le jeune président chilien de 36 ans est apparu sur la Chaîne nationale. Il a affirmé avoir reçu le message du peuple qui « n’est pas satisfait de la nouvelle Constitution proposée ». Il a tout de suite appelé à « construire, avec le Parlement et la société civile, un nouveau chemin pour proposer un nouveau texte constitutionnel » aux Chiliens.
La députée porte-parole du « Oui », Karol Cariola, a reconnu la défaite quelques minutes après les résultats. Elle a réaffirmé néanmoins qu’elle allait poursuivre son combat. « La Constitution de 1980 [adoptée pendant la dictature de Pinochet] ne nous unit pas, et ne nous représente pas. La décision de nous doter d’une nouvelle Constitution reste en vigueur, et les défenseurs du « Non » l’ont largement reconnu pendant leur campagne. »
Pour la politologue de l’université du Chili, Claudia Heiss, qui a suivi tout le processus constitutionnel, « si le “Oui” l’avait emporté, cela aurait été une pierre supplémentaire à l’édifice du projet progressiste entamé depuis la révolte de 2019 ». Avec le « Non », il faut s’attendre « à ce que la crise sociale qui a débuté avec la révolte sociale en 2019 s’aggrave ».
Côté international, les premières réactions ont rapidement fusé. Le nouveau président colombien de gauche, Gustavo Petro, s’est particulièrement fait remarquer avec un tweet : « Pinochet revit ». Il a rappelé que seule une alliance des forces sociales et démocratiques permettra de mettre fin à un passé qui assombrit toute l’Amérique Latine et d’ouvrir enfin la voie à la démocratie.