Le réchauffement des sous-sols, une « menace silencieuse »

Les sous-sols urbains se réchauffent de plus en plus, affectant la durabilité des infrastructures des villes. - Pxhere/CC0
Les sous-sols urbains se réchauffent de plus en plus, affectant la durabilité des infrastructures des villes. - Pxhere/CC0
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Climat SciencesC’est un changement climatique souterrain qualifié de « menace silencieuse » par des chercheurs de l’université Northwestern, dans l’Illinois (États-Unis). Dans une étude publiée le 11 juillet dans Communications Engineering, ils alertent sur la manière dont les sous-sols urbains se réchauffent de plus en plus, causant leur déformation, voire leur craquellement, et affectant la durabilité des infrastructures des villes.
Les scientifiques ont installé plus de 150 thermomètres en surface et sous terre, dans le Loop, l’un des quartiers de Chicago. Leurs mesures dans l’air des infrastructures souterraines (tunnels de métro, parkings souterrains, etc.) montrent une température jusqu’à 25 °C supérieure à la température de référence du sol. Le béton et les matériaux dont sont constitués les bâtiments urbains sont connus pour emmagasiner la chaleur du soleil et des activités humaines, créant des îlots de chaleur bien plus élevés qu’en conditions climatiques équivalentes en zone rurale. Les chercheurs soulignent ici que cette chaleur se répercute dans les sous-sols, provoquant la contraction de certains matériaux, comme l’argile tendre et l’expansion d’autres, comme le calcaire.
Les auteurs ont aussi modélisé les conséquences de ces phénomènes. Ils affirment que de tels mouvements du sous-sol peuvent avoir été la cause non identifiée de dégâts sur les infrastructures ces dernières décennies, et que le phénomène va continuer à s’accentuer avec la hausse des températures, provoquant jusqu’à 12 millimètres de gonflement du sous-sol et un long effondrement, jusqu’à 8 millimètres, de la surface.
Les villes européennes, aux bâtiments plus anciens, seraient plus vulnérables à ce phénomène d’enfoncement lent que les villes étasuniennes, préviennent-ils. « Les bâtiments ne vont pas s’effondrer soudainement, précise dans un communiqué de presse Alessandro Rotta Loria, auteur principal de l’étude. Les choses s’enfoncent très lentement. Les conséquences pour le fonctionnement des structures et des infrastructures peuvent être très sérieuses, mais cela se verra sur le long terme. » L’étude ouvre également une fenêtre d’optimisme, suggérant que cette chaleur pourrait être récupérée, limitant ainsi les conséquences sur les villes tout en fournissant une nouvelle source d’énergie géothermale.