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Les grandes outardes pourraient « s’automédiquer »

Grande outarde.

Ni médecins, ni pharmacies dans les steppes et les prairies. La grande outarde (Otis tarda) n’en a cure. Une étude scientifique, publiée le 23 novembre dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution, suggère que ce gros oiseau – les mâles peuvent peser jusqu’à 18 kilos – pourrait avoir des comportements « d’automédication ».

« Nous montrons que les grandes outardes préfèrent manger des plantes dont les composés chimiques ont des effets antiparasitiques in vitro », explique dans un communiqué Luis M. Bautista-Sopelana, scientifique au sein du Muséum national de sciences naturelles de Madrid et co-auteur de cette étude.

Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de chercheurs (dont certains étudient la grande outarde depuis plus de quarante ans) a analysé plus de 600 échantillons d’excréments de ces oiseaux. Leurs résultats montrent qu’en période de reproduction, les grandes outardes se ruent sur deux plantes fréquemment utilisées dans les pharmacopées traditionnelles, le coquelicot (Papaver rhoeas), et la vipérine faux-plantain (Echium plantagineum). Testées en laboratoires, ces deux fleurs s’avèrent efficaces contre les protozoaires (un minuscule organisme qui peut être un parasite) et les nématodes (vers ronds). La vipérine faux-plantain agit en plus contre les champignons.

Des plantes médicinales utilisées pendant la période de reproduction

« Les mâles et les femelles pourraient bénéficier de ces plantes médicinales pendant la période de reproduction, au cours de laquelle les maladies sexuellement transmissibles sont légion, commente dans un communiqué Azucena Gonzalez-Coloma, co-autrice de cette étude et chercheuse à l’Institut des sciences agricoles de Madrid. Les mâles qui font usage de ces plantes pourraient également avoir l’air en meilleure santé, plus vigoureux, et donc plus attirants auprès des femelles. »

L’équipe de scientifiques appelle néanmoins à considérer leurs résultats avec « prudence ». Des études supplémentaires sont nécessaires pour avoir la « preuve ultime » que les grandes outardes s’automédiquent. Elles ne sont pas les seules : certains scientifiques suspectent d’autres espèces de s’adonner à ce genre de comportements. Wapitis, drosophiles, perroquets, primates, ours, cervidés… Les profils des apprentis médecins potentiels sont variés. Là encore, prévient Luis M. Bautista-Sopelana, d’autres études doivent être menées avant de tirer des conclusions définitives.

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