Mélenchon et l’écologie, mouvements citoyens, accord Verts-Hamon… l’édito politique des lecteurs

À un mois du premier tour de l’élection présidentielle, vous vous interrogez sur la conception de l’écologie de Jean-Luc Mélenchon, le renouvellement de la démocratie grâce à la France insoumise, et rappelez les promesses trahies du précédent accord entre le PS et EELV.
Si vous souhaitez participer au courrier des lecteurs, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à planete (arobase) reporterre.net, en spécifiant [courrier des lecteurs] dans l’objet. À bientôt.
Écologiste, Mélenchon ?
Jean-Luc Mélenchon est peu disert sur les premiers piliers d’une transition écologique : la sobriété énergétique et les économies d’énergie, notamment d’électricité pour sortir du nucléaire ; il est également peu disert sur la fiscalité écologique pour financer la transition.
En décembre 2016, il déclare : « Il y a au moins deux sources immenses immédiatement exploitables, la géothermie profonde, dont je suis fan, et l’énergie de la mer », alors qu’il s’agit des deux ENR actuellement les moins matures et les plus coûteuses.
Il reste aussi une autre question importante, c’est le malaise devant la toute puissance d’un État en surplomb et de la centralisation alors que toutes les ONG demandent de mettre les collectivités au cœur de la transition : bassins de vie et régions doivent être des acteurs essentiels. Il faut un service public décentralisé, diversifié et démocratisé.
La décentralisation et la nécessaire relocalisation de l’énergie sont aux antipodes des schémas centralistes de Mélenchon. Ainsi, page 69 de son programme, la loi-cadre instaurant la planification écologique articule exclusivement le national et le local à travers la création d’une fonction de délégués départementaux à l’écologie (exit les régions et les bassins de vie, c’est le comble du tropisme jacobin !).
Enfin, la démesure, la technophilie et le rêve d’une domination accrue de la nature imprègnent ce dernier chapitre (voyages interstellaires, construction d’une station sous-marine permanente, soutien à la recherche publique sur la réalité et l’humanité augmentée). Ces mesures sont contraires à la philosophie écologique, qui pose la question des limites, de l’autolimitation comme condition de la politique et de la démocratie.
Pour les écologistes, l’anthropocène est un âge de la fragilité. Ce délire prométhéen renvoie, comme aurait dit le philosophe Cornélius Castoriadis, au triomphe de la signification imaginaire capitaliste de notre temps, c’est-à-dire d’une expansion illimitée et d’une prétendue maîtrise prétendument rationnelle…
Dominique
Ces mouvements citoyens qui veulent renouveler la démocratie

Votre article sur les mouvements citoyens est tout à fait intéressant, mais fait selon moi, une impasse. En effet, je suis personnellement engagé dans un mouvement citoyen qui n’est même pas évoqué dans votre article. Il s’agit du mouvement la France insoumise, à ranger dans la catégorie des mouvements avec candidat (Jean-Luc Mélenchon).
Je ne suis personnellement engagé dans aucun parti et ai considéré, de même que les citoyens dont vous parlez, que je pouvais contribuer à mon échelle au débat public et faire avancer l’intérêt général porté au plus haut niveau de l’humain en participant à cette démarche.
Thierry
L’unité de la gauche ne peut se faire que sur des principes forts

Ce qui m’attriste au plus haut point, c’est ce fatalisme qu’aucun accord n’est désormais plus possible à gauche et la défaite annoncée. Quel dommage, au moment où une autre voie possible était envisageable comme jamais. Il aurait juste fallu faire taire un moment les inimitiés personnelles pour se concentrer sur les programmes politiques. Mais cela demande des principes forts, comme ceux auxquels Corinne fait appel, mais sur le plan moral. Plutôt que de demander des têtes (vieux réflexe révolutionnaire), Jean-Luc Mélenchon aurait pu proposer un socle commun, remettant à la décision populaire une fois élu, les points de divergence.
Pierre
Accord EELV-PS
Ne pas oublier l’accord PS/EELV de 2012 et qui a été systématiquement trahi. Pourquoi devrait-on avoir plus confiance aujourd’hui ?
Promis et trahi :
1. Séparation des activités de dépôt et de financement et des activités spéculatives ;
2. Limitation de la rémunération des traders ;
3. Plafonnement des frais bancaires ;
4. Interdiction du travail de nuit et des tâches physiques pour les travailleurs de plus de 55 ans ;
5. Rétablir la hiérarchie des normes (merci la loi El Khomri) ;
6. Permettre la présence des salariés et de leurs représentants dans les instances de décision et de rémunérations des grandes entreprises ;
7. Rétablir le repos dominical ;
8. Réaliser l’égalité salariale femmes-hommes ;
9. Retour au barème de l’impôt sur la fortune d’avant 2007 ;
10. Réforme de la fiscalité sur les grosses successions ;
11. Mise à plat des niches fiscales et sociales ;
12. 20% de la surface agricole utilisée en bio (6 % aujourd’hui !) ;
13. Création d’un ministère de la Mer ;
14. Taxe européenne sur les transactions financières de 0,05 % ;
15. Abolition du secret bancaire ;
16. Repenser le rôle et les missions de la Banque centrale européenne (BCE) afin de l’autoriser à racheter des emprunts d’États ;
17. Salaire minimum européen ;
18. Aide publique au développement à 1 % du PIB d’ici à la fin de la législature ;
19. Reconnaissance de l’État de Palestine ;
20. Droit de vote et éligibilité aux élections locales pour les étrangers résidant en France depuis cinq ans et plus.
Bruno