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Culture et idées

Nicolas Hulot, véganisme, féminisme, agriculture biologique… voici l’édito des lectrices et lecteurs

Voici, comme chaque mois, le courrier des lecteurs de Reporterre, une sélection des nombreux courriels que nous recevons tous les jours. Messages de soutien, réactions à des articles, coups de cœur, coups de gueule, témoignages… cette tribune mensuelle vous est ouverte. Merci de nous lire et de réagir !

Si vous souhaitez participer au courrier des lecteurs, n’hésitez pas à nous envoyer un courriel à planete (arobase) reporterre.net, en spécifiant [courrier des lecteurs] dans l’objet. À bientôt !


Hulot vous fait réagir !

Je viens de lire l’article sur Nicolas Hulot de Fabrice Nicolino, dont j’avais lu et approuvé le livre sur nos excès de consommation de viande. Je le trouve assez injuste envers Nicolas Hulot, dont un certain nombre d’écologistes se réjouissent de l’avoir comme nouveau ministre. La critique est aisée, laissons le temps à ce nouveau gouvernement d’agir, avant d’emblée critiquer les membres qui seraient tous « pourris ». Et Nicolas Hulot fera ce qu’il pourra, sachant qu’il n’est pas - tout comme son président - un homme providentiel. À nous aussi de nous mobiliser, chacun à notre place, ministre, journaliste, acteur local...
Jean-Paul, un militant de base plutôt rassuré du choix des Français

Depuis que Nicolas Hulot est ministre, Reporterre n’a de cesse de se moquer de lui. Chacun a droit à ses opinions, attention à ne pas donner qu’un son de cloche. Car ma foi, si tant que M. Hulot est ministre, Notre-Dame-des-Landes ne se fait pas, c’est déjà ça !
Anne Onyme

Monsieur Kempf, vous l’écrivez vous-même dans votre édito : M. Macron est doté de qualités remarquables. Alors, n’ayons pas peur ! Faisons-lui confiance ! Laissons-nous surprendre par le caractère historique de ce qui se passe, tout en observant et en décryptant avec attention les faits et gestes de nos nouveaux dirigeants !
Lucas


La crise en Guyane découle de sa dépendance alimentaire

L’article « La crise en Guyane découle de sa dépendance alimentaire » explique que la possession de 90 % des terres par l’État constituerait en quelque sorte une spoliation des Guyanais, et les priverait d’autonomie alimentaire. Mais ces 90 % de terres possédées par l’État sont principalement de la forêt amazonienne, forêt primaire majoritairement, qu’on aurait tort de transformer en pâturages pour bovins.

Avec 43 % de sa SAU (surface agricole utile), la Guyane couvre la majorité de ses besoins en produits d’origine végétale, tandis qu’une superficie presque équivalente (40 %) dédiée à l’élevage ne satisfait pas du tout ses « besoins » en produits d’origine animale. Ce qui confirme le fait bien connu qu’un régime plus faiblement carné demanderait moins de ressources et aurait un moindre impact sur l’environnement. Les Guyanais consomment majoritairement de la volaille (42 kg/hab), importée dans 93 % des cas, car cette volaille congelée coûterait environ 8 €/kg contre 12 à 15 €/kg pour une volaille locale. Le problème est donc d’ordre économique, et non pas dû aux 90 % du territoire détenus par l’État.
Ambroise


Les femmes qui ont fait l’écologie

Dans l’article « Les femmes qui ont fait l’écologie », il est écrit que « les femmes ont un lien particulier à la nature ». Quelle assignation fantastique ! Et alors je ne suis pas une vraie femme si je n’ai pas lien particulier à la nature ? On pourrait aussi dire « les hommes ont un lien particulier à la technologie ». Cela ressemble au discours machiste traditionnel qui explique que « les femmes c’est le côté émotif, sensible, non maîtrisé, irrationnel ».

Par contre, comme l’explique Émilie Hache dans l’interview que vous avez faite avec elle, le mépris de la nature et celui des femmes vont de pair.
BB


Le marché bio s’envole, les paysans bio craignent de perdre leur âme

Je pense qu’une petite enquête serait intéressante concernant les chiffres de votre article « Le marché bio s’envole, les paysans bio craignent de perdre leur âme » sur le changement d’échelle de la bio. 76 % des produits bio sont fabriqués en France… Mais de quelle origine sont les matières premières ? Pour les produits transformés, l’origine n’est généralement pas mentionnée, mais il est bien évident que la production de blé bio ne peut suffire en France à la production des farines pour le pain et autres produits (biscuits…). Le soja ne vient pour l’essentiel pas de France.
Marie-Dominique

  • Reporterre - Votre remarque est judicieuse, et la question pourrait ouvrir sur une nouvelle enquête, pas facile à mener. Dans la ruée vers l’alimentation bio, beaucoup de gens se contentent de produits transformés, plats cuisinés, assemblages ou autres, dont l’origine peut être sujette à interrogation : on produit très peu de quinoa en France, un peu en Anjou depuis récemment ; toute préparation, salade ou produit à réchauffer contenant du quinoa (c’est un exemple) intègre donc de l’import, avec des normes bio potentiellement variables, selon qu’on produit en Amérique latine, en Europe ou ailleurs, et la phase d’importation a pu masquer des irrégularités. Nicolas de La Casinière

Les festivals musicaux se font de plus en plus écolos

L’article « Les festivals musicaux se font de plus en plus écolos » illustre une tendance à « verduriser » les festivals, et cela se confirme aussi en Belgique. Cependant il passe sous silence la gestion des intensités sonores dans ces lieux, souvent laissés aux mains d’opérateurs son quelquefois sans expérience. Les puissances sonores mises en œuvre lors de ces manifestations de plein air (comme en salle) sont susceptibles de causer des dommages irréversibles, que l’épidémie d’acouphènes, principalement chez les jeunes, semble illustrer depuis quelques années. À ma connaissance, la Suisse et la Flandre (Belgique) appliquent des normes strictes et mesurables, sans altérer le confort et le plaisir de l’écoute.
Philippe


Les médecines douces dans l’élevage, ça marche !

Lectrice assidue de Reporterre depuis quelques années, mon mari et moi sommes éleveurs ovins dans le Tarn et essayons d’utiliser au maximum l’homéopathie et l’aromathérapie.

Le quotidien des éleveurs dans la pratique des médecines alternatives n’est pas aussi idyllique qu’on pourrait le penser, surtout avec la répression des services vétérinaires de l’État. Nos ennuis ont commencé quand un collectif d’éleveurs, dont nous faisions partie, a décidé de ne pas faire vacciner leurs animaux contre la FCO (fièvre catarrhale ovine) en 2008. Nous avons résisté en subissant les menaces des services vétérinaires qui ont fait preuve d’acharnement : lettres recommandées hebdomadaires nous menaçant de sanctions financières, contrôle inopiné de quatre vétérinaires dans notre exploitation pour chercher la petite bête : ils ont trouvé des tubes d’homéopathie pour lesquels nous n’avions pas d’ordonnance ! Trois autres collègues ont été sanctionnés pour les mêmes raisons. Les tubes d’homéopathie n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché pour des usages vétérinaires, seulement pour des usages humains.

On s’est donc retrouvé avec des amendes importantes et un procès contre l’administration. Nous avons gagné en première instance, l’État nous doit de l’argent depuis plusieurs années, nous n’avons rien touché bien sûr, puisque l’État a largement les moyens de faire appel et de laisser trainer les choses le plus longtemps possible. 
Isabelle


Les véganes sont-ils écolos ?

J’ai bien aimé qu’enfin, dans l’article « Les véganes sont-ils écolos ? », on associe le véganisme avec l’écologie, parce que, soyons clair, il n’y a pas d’agriculture durable sans élevage. Cultures et élevages sont les deux pieds sur lesquels nous fonctionnons depuis 10.000 ans, ce sont les excès qui sont néfastes. Car, si l’élevage a 10.000 ans, la hausse du taux de CO2 dans l’air n’a que 200 ans.

En France, on a 10 millions d’hectares de prairies naturelles, alpages et autres, entretenus par les troupeaux, qui stockent du carbone et abritent de la biodiversité. Si l’on abandonne l’élevage, les conséquences prévisibles sont incendies, fermeture des paysages, destruction d’une économie rurale et touristique…

Par ailleurs, en tant qu’éleveur entouré de nombreux maraîchers bio, il faut voir les quantités de compost que ceux-ci viennent prendre à la ferme. J’estime que le fumier de trois vaches est nécessaire pour un hectare de maraîchage. Sinon, c’est la porte ouverte à la chimie. La ferme du Bec Hellouin, en Normandie, fonctionne avec des tonnes et des tonnes de compost de cheval.

Il y a bien entendu des aberrations, dues notamment à l’élevage industriel. Mais ne rejetons pas tout au prétexte qu’il y a des aberrations ! Ce que je retiens de positif tout de même, c’est ce doigt pointé vers les conditions de vie des animaux d’élevage, qui méritent une vie digne, en partenariat avec les éleveurs, parce que c’est bien d’un partenariat dont il s’agit.
Raphaël, éleveur

Je trouve l’article intéressant et objectif ! Par contre, je souhaiterais corriger quelques éléments sur lesquels je travaille justement (en recherche)… Voici une citation de votre article : « Dans les pays occidentaux, la quantité de protéines végétales mangées par les animaux pour produire un kilo de protéines animales n’est pas avantageuse : il en faut moyenne 7 kg pour les bovins, 6 kg pour les poulets et les cochons, et 3 kg pour les œufs. Les bovins élevés en extérieur, à la condition qu’ils se nourrissent exclusivement de fourrages et de pâturages, n’ont besoin que d’un kilogramme de protéines végétales pour produire un kilogramme de viande. »

La seconde phrase ne veut pas dire grand-chose... Les bovins élevés exclusivement à l’herbe consomment autant voire plus de protéines végétales par kilogrammes de viande produite que les bovins qui ne pâturent pas. La différence est effectivement qu’ils ont la capacité (comme les moutons, chèvres) de ne se nourrir que d’herbe qui n’aurait pas pu être consommée par les humains (peu digestible). Les 1 kg de protéines végétales pour 1 kg de viande concernant les bovins nourris à l’herbe correspondent en fait aux protéines végétales qui auraient pu être consommées par les humains directement, c’est-à-dire celles des grains (céréales, oléoprotéagineux) distribués aux animaux pour compléter la ration fourragère (herbe, ensilage) et améliorer les performances zootechniques des animaux (production d’œufs, de lait ou de viande).
Sara

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