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« On ne partira pas sans moratoire » : à Orléans, un campement contre les mégabassines

L’arrivée à Orléans est célébrée par les cyclistes avec des stickers à l’effigie de Bassines non merci, le 24 août 2023.

Déviant de son itinéraire initial, le Convoi de l’eau est arrivé à Orléans plus tôt que prévu, jeudi 24 août. Les militants ont décidé de passer la nuit devant l’Agence de l’eau pour se faire entendre.

Orléans (Loiret), reportage

« Le jour de Loire est arrivé »… un peu plus tôt que prévu. Alors que le Convoi de l’eau, coorganisé par Les Soulèvements de la Terre, Bassines non merci et la Confédération paysanne, devait arriver vendredi 25 août devant l’Agence de l’eau Loire-Bretagne à Orléans pour demander un moratoire sur les mégabassines, les plans ont été chamboulés au dernier moment. « On a une mauvaise nouvelle : l’Agence de l’eau sera fermée demain », annonçait dès le jeudi matin la personne chargée de l’organisation, signifiant qu’il serait alors inutile de se rendre sur place si personne n’était présent pour la manifestation.

Le convoi s’est donc directement dirigé, le jour même, en direction de l’Agence de l’eau d’Orléans en déviant de son itinéraire initial. La file de vélos et tracteurs est arrivée dès 17 heures, avenue Buffon où siège l’Agence de l’eau, pour y monter un « campement surprise » et y passer la nuit. « C’est la seule façon non violente de faire entendre nos revendications », estiment les porte-parole du convoi, approuvés par les manifestants qui ont décidé de rester. « On est là pour le bien commun, alors qu’en face ils sont prêts à en découdre. Nous, on ne vient qu’avec nos vélos et notre altruisme », explique la cycliste « Tati ».

Devant l’Agence de l’eau, le Convoi de l’eau s’installe en campement surprise. © Pierre-Yves Lerayer / Reporterre

L’occasion de « marquer notre détermination à obtenir un moratoire immédiat sur les mégabassines, alors que de nouveaux chantiers menacent de démarrer dans les Deux-Sèvres », indiquent des communiqués diffusés par les mouvements coorganisateurs. « On se retrouvera lors des prochains chantiers de bassines pour empêcher les travaux et les empêcher de construire leurs foutues bassines », assure Basile Dutertre, un des porte-parole des Soulèvements de la Terre, sous les chants de ses camarades et des centaines de manifestants, qui grondent plus fort que l’orage qui les a accueillis à Orléans.

Basile Dutertre devant l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, à Orléans. © Pierre-Yves Lerayer / Reporterre

« Maintenir la pression à la source »

Après l’arrivée des manifestants, les salariés sont restés calfeutrés dans les locaux et les forces de police gardaient l’enceinte du site. « L’idée n’est pas d’entrer dans le bâtiment, ni de le dégrader, mais de rester là pour maintenir la pression à la source », rassure Basile Dutertre. Si des patrouilles de police se sont succédé dans l’enceinte du site, la nuit s’est déroulée sans heurts et au son de la musique diffusée jusqu’au petit matin. Du côté des salariés, « on ne sait pas avec certitude » si certains sont restés dans l’agence pendant la nuit, précise le militant.

Les représentants du convoi attendent l’arrivée à 11 heures, vendredi 25 août, de Thierry Burlot, le président du comité de bassin de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, pour négocier avec lui. Pour les membres de Bassines non merci, aucun compromis n’est envisageable. « On ne partira pas sans moratoire, insiste Julien Le Guet, porte-parole du collectif. La politique de l’eau ne peut pas se faire comme ça, sans les citoyens. » Lui évoque plutôt l’idée de créer « un parlement de l’eau ». En tout cas, « si nous ne sortons pas de ce rendez-vous avec l’annonce d’une suspension des travaux de bassines, nous resterons sur place pour marquer notre détermination », assurent les organisateurs.

Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non merci, devant l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, à Orléans. © Pierre-Yves Lerayer / Reporterre

Le 25 août, la préfète Sophie Brocas devrait également venir échanger avec les collectifs présents sur place. Le maintien ou non du campement sera décidé après ces deux rencontres. Mais quel que soit le résultat de ces échanges, ils ne « compromettent en rien le fait d’aller à Paris » les 26 et 27 août, ajoute Basile Dutertre. Le militant promet un « final surprise » dans la capitale, alors que le squat qui devait accueillir les participants du convoi a été expulsé le 22 août.

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