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En brefNucléaire

Pendant les canicules, les cours d’eau menacés par le nucléaire ?

Pour l'instant, aucune anomalie n'a été constatée près de la centrale de Tricastin.

Les dérogations accordées aux centrales nucléaires pour qu’elles puissent continuer à produire en période de canicule et de sécheresse ne sont pas sans effets sur l’environnement. C’est ce que nous apprend l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans une note publiée le 27 juin, où elle fait le bilan de l’été 2022.

Cet été-là, l’autorité administrative a temporairement relevé les écarts et les seuils de température régissant les rejets d’eau échauffée des centrales de Golfech, Bugey, Saint-Alban, Blayais et Tricastin. En parallèle, elle a réclamé une surveillance renforcée du milieu aquatique dans les cours d’eau concernés par ces rejets — le Rhône, la Garonne et l’estuaire de la Gironde.

Résultat : pour la centrale du Bugey, « le suivi du phytoplancton et du peuplement des diatomées benthiques [1]pendant l’été 2022 a mis en évidence une légère eutrophisation [2]du milieu », alerte l’ASN. Les poissons étaient moins nombreux à l’aval qu’à l’amont pendant la période de canicule, « contrairement à ce qui est habituellement observé à cette période de l’année ». De nouveaux contrôles réalisés à l’automne ont néanmoins montré un retour aux niveaux de peuplement habituels.

Une enquête en cours

À Saint-Alban aussi, les contrôles ont montré des différences entre l’amont et l’aval pour le suivi du phytoplancton et le peuplement des diatomées benthiques, ainsi que pour les plus jeunes poissons. Pour ces derniers, « cette différence persistait lors des observations réalisées à l’automne 2022 », précise l’ASN.

« Ces premières observations ne permettent pas à ce stade de distinguer l’impact de la centrale de celui lié à d’autres paramètres écologiques, tempère néanmoins l’autorité administrative. Le suivi du peuplement piscicole s’est poursuivi au printemps 2023 afin de compléter les premiers résultats observés en 2022 et de mieux en comprendre l’origine. » Par ailleurs, aucune différence entre amont et aval n’a été relevée pour les centrales de Golfech, du Tricastin et du Blayais.

Des centrales pas adaptées

Toute l’année, les réacteurs nucléaires prélèvent de grandes quantités d’eau pour contribuer à leur refroidissement. Cette eau est ensuite rejetée dans des cours d’eau ou dans la mer à une température plus élevée.

Ce système est-il adapté alors que les épisodes de sécheresse et de canicule vont se multiplier à l’avenir ? Non, tranche l’ASN. À court terme, « toute modification des limites des rejets des centrales nucléaires dans l’environnement doit être justifiée au travers d’une étude d’impact, fondée sur une actualisation des connaissances scientifiques des impacts sur le milieu naturel », estime-t-elle. Et, à plus long terme, elle n’exclut pas que les installations nucléaires doivent évoluer sur le plan technologique pour s’adapter à ces nouvelles contraintes.

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