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Quotidien

Sexe bio : comment faire l’amour en mode écolo

Faire l’amour serait-il devenu dangereux pour la santé ? Générations Cobayes tire la sonnette d’alarme en soulignant les risques que font peser sur la santé les étapes menant au septième ciel. Heureusement, il y a des alternatives pour aimer sans souci.

En cause, l’exposition aux perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques étrangères à l’organisme suspectées d’interférer dans le système hormonal et de le dérégler. Derrière ce nom barbare se cachent les premiers scandales sanitaires qui ont fait émerger la problématique en France : le Bisphenol A (BPA), interdit dans les biberons depuis 2010, les phtalates présents dans les plastiques alimentaires et les cosmétiques, les parabènes, etc. Toutes ces molécules sont des perturbateurs endocriniens.

Le problème est devenu un enjeu de santé publique, à mesure que l’on perçoit ses conséquences sur la santé humaine. Considérés comme responsables de la hausse des cancers hormonodépendants – cancers du sein ou de la prostate, notamment –, les perturbateurs endocriniens sont de plus en plus pointés comme facteurs de l’infertilité croissante qui touche la population française.

Une étude récente confirme la baisse de qualité du sperme chez les Français déjà observée précédemment. Contacté par Reporterre, André Cicolella, président de l’association Réseau Environnement Santé (RES) explique le rôle des perturbateurs endocriniens dans ce phénomène :

« Le BPA et les phtalates ont un effet anti-androgénique en supprimant le pic de testostérone. C’est l’explication la plus plausible pour comprendre la diminution de 30 % du nombre de spermatozoïdes depuis dix-sept ans que révèle l’étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS). A ce rythme-là, on arriverait à 0 en 2040… ».

Un couple sur cinq est aujourd’hui en proie à de grandes difficultés pour avoir des enfants, quand le recours à la PMA (procréation médicalement assistée) a plus que doublé en huit ans, selon le chercheur.

Notre libido a de quoi prendre un sacré coup. Car l’analyse des expositions qui émaillent la vie sexuelle de nos générations est implacable. Du premier rendez-vous, qui sollicitera l’utilisation de crèmes de maquillages abusant de nanoparticules, à la conclusion par l’utilisation de préservatifs où se retrouvent paraben et nonxyphénol, en passant par les composés organiques volatiles (COV) qui polluent l’air de la chambre à coucher, la quête amoureuse s’avère un parcours semé d’autant de perturbateurs endocriniens que d’embûches sentimentales !

Le célibat n’a rien, pour autant, d’une sinécure : une étude de Greenpeace en 2006 révélait ainsi que les sextoys sont caractérisés par la présence de phtalates...

Dans une vidéo choc, Générations Cobayes met en scène cette exposition inconsciente mais quotidienne :

Alors, que faire ? Après les bougies, le retour aux ceintures de chasteté ? L’écologie punitive s’inviterait-elle jusque dans notre lit ? Non, fort heureusement. Générations Cobayes a lancé en février une grande campagne intitulée « Protège tes hormones », dans laquelle le volet consacré à la sexualité recense toutes les alternatives existantes.

Au travers des « 7 commandements de l’éco-orgasme », chacun est invité à changer ses pratiques – capotes en latex naturel, jouets sexuels en bois, cosmétiques bio – afin de « se faire plaisir sans se faire mal ».

Drôle et libérée sans être grivoise, la campagne a vocation à sensibiliser sans abuser d’arguments démoralisateurs ou anxiogènes : « L’idée, c’est de parler des sujets de santé en privilégiant les solutions et la dimensions positive des changements possibles. On fait le constat qu’en parlant de sujets lourds avec plus de légèreté, la réception du public est meilleure. Ce qui compte, c’est d’incarner ces problématiques dans des gestes du quotidien », dit Damien Hensens, le coordinateur du mouvement né en décembre à l’initiative de l’Appel de la jeunesse.

Pour ce faire, Générations cobayes s’est engagé dans un cycle de conférences-théâtres intitulée « Let’s talk about sex » qui forment de manière ludique les étudiants à ces problématiques. Le succès des premières les mène à Sciences-Po, à Paris, ou à Rouen et Clermont. « Les jeunes s’intéressent à la question. Ils sont nombreux à avoir rejoint le mouvement après avoir assisté à une première conférence » assure Damien Hensens.

Un symbole, aussi, de l’enjeu de l’information. Au début du mois, un test est lancé sur internet – toujours disponible – et mobilise 35 000 participants en dix jours : « 8 000 personnes ont laissé leurs coordonnées à l’issue du test afin de recevoir des conseils. Cela traduit le besoin d’informations en la matière » poursuit Damien Hensens. Parmi ses principales revendications, le mouvement appelle à une plus grande transparence à l’égard du consommateur sur la composition des produits.

Car si vos nuits sont courtes, Générations cobayes s’assure ainsi que vous puissiez dormir sur vos quatre oreilles. Hédoniste, l’amour écolo – à base de capotes, godemichets ou lubrifiants écologiques – serait d’abord un amour en bonne santé. S’il n’assure pas a priori l’orgasme, il garantit au moins, comme le rappelle justement cette fameuse marque de préservatifs, de faire « durer le plaisir »

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