Média indépendant, en accès libre pour tous, sans publicité, financé par les dons de ses lecteurs

En brefForêts

Soja, bœuf, cacao : l’Europe veut bannir les produits liés à la déforestation

Une zone déforestée pour produire de l'huile de palme, en Indonésie.

Soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café… Produire ces denrées, très consommées en Europe et gourmandes en surfaces agricoles, grignotent les forêts, notamment les forêts tropicales. La Commission européenne a dévoilé un projet de règlement (en anglais) contre cette déforestation importée, mercredi 17 novembre. « Entre 1990 et 2020 seulement, le monde a perdu 420 millions d’hectares de forêts, une superficie plus vaste que celle de l’Union européenne », alerte-t-elle. L’Union européenne est le deuxième plus gros responsable de la déforestation tropicale après la Chine, dénonçait le WWF (en anglais) en avril 2021.

Objectif de la Commission : couper l’accès au marché européen des marchandises produites au détriment de la forêt. Pour ce faire, elle va mettre en place un système d’évaluation comparative. Plus un pays détruit des forêts pour produire les marchandises citées (soja, bœuf, huile de palme, bois, cacao, café et leurs produits dérivés), plus bas il sera dans le classement. Trois catégories de pays devraient être instaurées : faible risque de déforestation, risque standard et risque élevé. Cette mesure devrait permettre d’épargner chaque année 71 920 hectares de forêt d’ici 2030 et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 31,9 millions de tonnes par an, espère l’institution européenne.

Les associations écologistes se réjouissent

Ce projet de règlement a été bien accueilli par les associations. L’association Canopée a salué une proposition qui « dépasse la question de la déforestation légale/illégale », exprime « une exigence de traçabilité jusqu’à la parcelle » et repose sur « un système de devoir de vigilance plutôt que [sur] des certifications privées ». Elle regrette cependant, entre autres, un « périmètre trop réduit » — la loi ne concerne que les forêts et pas les autres écosystèmes tels que la savane ou les tourbières — et l’absence de protection des peuples autochtones et communautés locales. Le WWF, lui, plaide pour que cette législation s’applique à l’ensemble des matières premières et produits susceptibles d’être liés à la déforestation, comme le poulet, le caoutchouc, le maïs, le sucre, etc.

Lire aussi : La déforestation s’accélère en Amazonie, et l’agrobusiness est pointé du doigt

« La proposition de la Commission place les discussions sur les bons rails en poussant à plus de traçabilité, de transparence et un renforcement des obligations de responsabilité des entreprises. Il s’agit de l’option la plus solide mais aussi la plus complexe car elle comporte potentiellement de nombreuses failles. Les discussions au Parlement et au Conseil pour consolider le texte vont donc être décisives », a jugé Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes pour Canopée. C’est la France, qui présidera l’Union européenne à partir de janvier 2022, qui sera chargée d’animer les débats sur cette législation.

Alors que les alertes sur le front de l’environnement se multiplient, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que les dernières semaines de 2023 comporteront des avancées pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés exclusivement par les dons de nos lectrices et lecteurs : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre. Ce soutien vital signifie que des millions de personnes peuvent continuer à s’informer sur le péril environnemental, quelle que soit leur capacité à payer pour cela.

Contrairement à beaucoup d’autres, Reporterre ne dispose pas de propriétaire milliardaire ni d’actionnaires : le média est à but non lucratif. De plus, nous ne diffusons aucune publicité. Ainsi, aucun intérêt financier ne peut influencer notre travail. Être libres de toute ingérence commerciale ou politique nous permet d’enquêter de façon indépendante. Personne ne modifie ce que nous publions, ou ne détourne notre attention de ce qui est le plus important.

Avec votre soutien, nous continuerons à rendre les articles de Reporterre ouverts et gratuits, pour que tout le monde puisse les lire. Ainsi, davantage de personnes peuvent prendre conscience de l’urgence environnementale qui pèse sur la population, et agir. Ensemble, nous pouvons exiger mieux des puissants, et lutter pour la démocratie.

Quel que soit le montant que vous donnez, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission d’information pour les années à venir. Si vous le pouvez, choisissez un soutien mensuel, à partir de seulement 1 €. Cela prend moins de deux minutes, et vous aurez chaque mois un impact fort en faveur d’un journalisme indépendant dédié à l’écologie. Merci.

Soutenir Reporterre

Abonnez-vous à la lettre d’info de Reporterre
Fermer Précedent Suivant

legende