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Véloroute, arbres et agriculture... Le projet alternatif des opposants à l’A69

Grande route pour les vélos, plantation massive d’arbres, préservation du vivant... Les opposants à l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ont dévoilé un projet alternatif, dont ils détaillent les plans.

Toulouse (Haute-Garonne), reportage

Dans un petit café du nord de Toulouse, Karim Lahiani est attablé, un dossier à la main. Le paysagiste et urbaniste de 30 ans a dévoilé fin août un projet alternatif à la construction de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. Accompagné par le collectif La Voie est libre, qui lutte contre cette autoroute depuis plusieurs années, ce projet s’intitule « Une autre voie ».

« L’ambition est de créer un véritable projet de société, présente Karim Lahiani, ce que l’on propose ici, ce sont des choses concrètes, un moyen de réhabiter nos territoires et un projet bien plus ambitieux que celui de l’A69. »

Le projet des opposants, « Une autre voie », propose entre autres de garder 250 hectares d’espaces agricoles le long de la Véloroute.

Une mobilité douce et interconnectée

Dans ce dossier extrêmement riche et chiffré, on trouve un volet important consacré à la mobilité. L’urbaniste base son projet sur trois voies de transports interconnectées et multimodales.

La première s’appuie sur une infrastructure déjà existante. « Nous voulons réaménager la route nationale 126 pour accentuer l’offre de transports en commun et le covoiturage », confirme-t-il, accompagné de sa tasse de café. Le projet s’appuie également sur le renforcement des lignes ferroviaires, « plus d’arrêts, et plus de trains, notamment pour être compétitif face à la voiture et décharger la route nationale ».

Trois voies interconnectées sont proposées par les opposants, dont une Véloroute de 87 kilomètres entre Toulouse et Mazamet.

Enfin, l’idée principale repose sur une « Véloroute nationale », longue de 87 kilomètres entre Toulouse et Mazamet. « C’est une idée pionnière qui a une portée nationale », lance enthousiaste l’urbaniste, convaincu par la nécessité d’un tel équipement.

Et d’ajouter : « Cela permettra aux riverains de bénéficier d’un réseau cyclable performant pour les courtes distances et la multimodalité. Cette Véloroute permettra également de développer l’écotourisme dans la région et de créer des emplois. » Avec la mise en place et le réaménagement de ces trois voies de transport, ce plan compte diminuer le trafic routier de 25 % sur la RN126 d’ici à 2030.

Un territoire pilote de la bifurcation écologique

Le projet s’attache également à sauver les 366 hectares de terres menacées par la construction de l’A69. « Nous voulons créer 250 hectares d’espaces agricoles le long de la Véloroute, pour devenir un territoire pilote de la bifurcation agroécologique. »

En plus de cela, le paysagiste prévoit la plantation massive d’arbres et de haies bocagères, ainsi que la création d’une soixantaine de mares, « face à l’assèchement et l’artificialisation des terres que va induire l’A69 et pour répondre au défi du réchauffement climatique ».

Ce projet de « revitalisation écologique du territoire » prévoit aussi l’aménagement de sept grands équipements tout au long du tracé pour sensibiliser aux questions écologiques. Notamment un hameau des low-tech à Villeneuve-lès-Lavaur, une centrale des fertilités à Gragnague, une cité du vélo à Castres ou un centre national des oiseaux à Saix. Ce dernier équipement incarnera une ambition, celle « d’une politique assumée d’inversion des effondrements des espèces », selon Karim Lahiani.

Karim Lahiani, avec le plan du projet entre les mains : « Les financements publics annoncés pour l’autoroute sont parfaitement compatibles avec ce nouveau projet, on pourrait démarrer demain. » © Justin Carrette / Reporterre

Pour mettre en place concrètement ce plan et ces aménagements, le paysagiste prévoit la création de 1 000 emplois pérennes, et chiffre les dépenses à environ 100 millions d’euros. Pour financer ce projet, il mise sur des fonds publics, comme le Plan vélo, le fonds européen Feder, mais également la réaffectation des financements locaux destinés à l’A69. « Les financements publics annoncés pour l’autoroute sont parfaitement compatibles avec ce nouveau projet, on pourrait démarrer demain », lance-t-il.

Malgré le début des travaux de l’A69, le natif du Tarn assure que « rien n’est réversible, sauf la destruction du vivant ».

Dans les semaines qui viennent, Karim Lahiani et de nombreux collectifs opposés à cette autoroute vont débuter une vaste « campagne citoyenne » pour faire connaître ce projet alternatif avec des ateliers, des relais sur le terrain et des actions. Ce projet sera également présenté aux élus de la région, qui auront alors toutes les cartes en main « pour choisir la bifurcation écologique ou foncer droit dans le mur ».

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