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Au Brésil, les députés votent un texte réduisant la protection des terres indigènes

Près de Rio de Janeiro, un village indigène résiste depuis des années aux expulsions et à l'urbanisation. Ici en octobre 2022, lors d'un rituel.

La Chambre des députés du Brésil a approuvé le 30 mai un projet de loi qui réduit la protection des terres ancestrales autochtones et limite la reconnaissance de nouvelles réserves indigènes. Il autorise de fait la recherche d’eau et d’énergie dans les territoires indigènes, ainsi que des opérations minières potentiellement dévastatrices et les rend vulnérables aux bûcherons et aux chercheurs d’or illégaux.

Le projet de loi n’affecterait pas les réserves actuellement reconnues, mais pourrait avoir des répercussions sur des centaines de territoires en cours de classement. De plus, ce texte introduit le concept de « repère temporel », qui signifie que les peuples indigènes n’auraient droit qu’aux zones qu’ils occupaient ou revendiquaient déjà le 5 octobre 1988, date de la promulgation de la Constitution.

Cette thèse juridique ne tient pas compte du fait que la dictature qui a gouverné le Brésil de 1964 à 1985 avait fortement réduit les terres occupées par les indigènes. Expulsions et déplacements forcés de villages entiers... tous ceux qui avaient alors été expulsés de leurs territoires ou qui avaient dû les quitter perdent le droit de revendiquer leurs terres ancestrales.

300 groupes ethniques

La Chambre basse — qui compte de nombreux députés de droite — a accéléré l’adoption du projet sous la pression du puissant lobby agricole brésilien, renforcé ces dernières années par le soutien de Bolsonaro. Cette décision a déclenché une vague nationale de protestations des autochtones qui demandent que le président Lula protège ces territoires cartographiés depuis de nombreuses années, mais pas encore officiellement classés comme réserve. Lula a reconnu légalement six territoires indigènes le mois dernier.

Quelque 300 groupes ethniques différents vivent sur 730 territoires (11,6 % du pays) qu’ils considèrent comme des terres ancestrales, principalement dans la forêt amazonienne où ils vivent depuis environ 5 000 ans sans avoir causé de dommages à la faune et à la flore.

Le projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat et signé par le président Lula. Il pourrait y opposer son veto, cependant le Congrès pourrait disposer d’un soutien suffisant pour outrepasser ce veto. Le texte sera également examiné le 7 juin par la Cour suprême qui pourrait la juger inconstitutionnelle.

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