Des dizaines d’actions ont eu lieu mercredi 17 juin contre la « ré-intoxication du monde »

Aéroports, cimenterie, Amazon sont quelques-unes des cibles qu’ont pacifiquement visé, mercredi 17 juin, des écologistes à travers toute la France. Le but : empêcher que « le monde d’après » se ré-intoxique au béton et au CO2.
Blocage d’usines de produits phytosanitaires, arrêt des travaux du grand Paris express, invasion de cimenteries, déploiement de banderoles géantes sur une autoroute ou sur le pont du Gard, occupation de jardins contre des projets d’urbanisation, rassemblement contre la destruction d’une forêt... A l’appel de 150 organisations, de nombreuses manifestations et actions de désobéissance civile se sont déroulées le 17 juin pour s’opposer physiquement à « la réintoxication du monde »
Reporterre fait le point sur cette journée décisive qui marque, après trois mois de confinement, le retour des luttes de terrain contre les grands projets inutiles et les industries polluantes, afin d’empêcher que « le monde d’avant ne continue à pourrir celui d’après ».
Pour certains, les opérations ont commencé très tôt,dans la nuit. A Rennes, des militants ont recouvert de messages des panneaux publicitaires. A Paris, des pompes à essence Total ont été mises hors service. Au cours de la matinée, une quarantaine d’activistes ont aussi déposés un colis géant devant le ministère de l’Économie pour dénoncer les impacts nocifs d’Amazon et ses projets de construction de nouvelles plateformes logistiques.
En Île-de-France, les actions se sont multipliées tout au long de la journée. Le chantier de la ligne 17 du Grand Paris a été bloqué pour dénoncer la bétonisation du triangle de Gonesse, et dans la soirée,à Montreuil, une mobilisation a eu lieu pour défendre les murs à pêches. Un écrin de nature en sursis au cœur de la métropole.
Dans plusieurs endroits, le secteur agro-industriel a été pris pour cible. A partir de 7 heures, à Marseille, des militants ont bloqué l’accès à l’usine de Cerexagri, une filiale du groupe indien UPL, fabricant mondial de produits phytosanitaires. En Loire-Atlantique, 160 personnes se sont rassemblées devant l’usine d’engrais chimiques de la multinationale Yara (Reporterre le racontera jeudi 18). Dans la Drôme, des militants ont prôné une agriculture sans pesticide devant les locaux de la coopérative agricole Val soleil. Sur twitter, Corinne Morel Darleux, élue régionale d’opposition, précise : « Il ne s’agit pas de pointer du doigt les agriculteurs mais bien les verrous de l’agro-industrie et des politiques libérales qui intoxiquent tout le monde ».
La préservation des terres agricoles et des espaces naturels s’est retrouvée au cœur des mobilisations. A Besançon, des militants ont occupé les Vaîtes, 34 hectares de jardins populaires promis à un projet d’urbanisation. Ils ont érigé une tour de guet en bois avant l’arrivée de la police.
Une tour de guet est maintenant dressée aux Jardins des Vaîtes dans la @villedebesancon . Nous défendrons ce lieu source de biodiversité de la bétonisation.#Agir17Juin #StopReintox #mondedapres pic.twitter.com/eWL4T5ojQJ
— ANV COP21 Besançon (@Anvcop21Besac) June 17, 2020
A Rouen, plusieurs dizaines de personnes ont occupé un chantier qui menace de raser des dizaines d’hectares de bois. « Nous sommes tous des enfants de la forêt », criaient les militants venus en nombre.
Nous sommes tous des enfants de la forêt !! #Agir17Juin pic.twitter.com/v0YOiiSwmn
— Rouen dans la rue (@Rouendanslarue) June 17, 2020
Dès 5 heures et demi, à Toulouse, c’est une cimenterie Lafargue qui a été bloquée jusqu’à 17 heures. Comme à Saint-Barthélémy d’Anjou, dans le Maine-et-Loire où le blocage tenait toujours à 18 h. Les Amis de la Terre rappellent que le secteur des BTP (Bâtiments et travaux publics) est responsable de 39 % des émissions mondiales de CO2 .
A Lyon, un mur de cartons à été érigé devant le bâtiment de la métropole pour dénoncer la construction d’un méga-entrepôt Amazon.

Dans le Gard, à Fournes, une manifestation s’est opposée à une plateforme logistique de la multinationale.Des banderoles ont été accrochées sur le Pont du Gard.

A Nantes, des banderoles ont aussi été déployées devant les entrées de l’aéroport, avec des avions en carton et des fumigènes. Sur l’autoroute A 87, près d’Angers, des messages ont été écrits sur des ponts pour dénoncer la pollution engendrée par le trafic routier. A Bagnère-de-Bigorre, des militants ont accroché des banderoles contre le salon du 4x4 qui devrait avoir lieu dans la commune en septembre prochain. A Saint-Etienne, une concession Porche a été bloquée. Des militants se sont réunis aussi contre l’agrandissement du port de Port-la-Nouvelle dans l’Aude.
A Dijon une manifestation de cyclistes sa déambulé dans les rues de la ville. Entre Saint-Etienne et Lyon, les opposants à l’A 45 se sont rassemblés pour une grande fête.
10h00 - Lyon
Les opposant.e.s à l'#A45 fêtent la fin du projet, enterré en décembre dernier et se mobilisent contre les autres projets de betonisation du territoire lyonnais ! 🚜 pic.twitter.com/HKMqT6VH5o
— Amis de la Terre FR (@amisdelaterre) June 17, 2020
Cette série d’actions simultanées annonce la reprise des luttes locales et pose les bases d’un rapport de force, alors que M. Macron a appelé lors de son allocution dimanche 14 à accélérer la reprise économique du pays.