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En Île-de-France, un quart des criquets et grillons menacés d’extinction

Le dectique des brandes a déjà disparu d'Île-de-France.

Il est rare d’entendre des criquets et des grillons striduler joyeusement dans les bosquets d’Île-de-France. Cela risque de le devenir encore plus dans les années à venir. L’agence régionale de la biodiversité (ARB), le département de l’Institut Paris Région et l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) ont dévoilé, lundi 28 février, leur « liste rouge » des orthoptéroïdes (qui comprennent entre autres les sauterelles, les mantes et les phasmes) d’Île-de-France. Les résultats sont accablants : 22 % des 71 espèces recensées dans la région sont menacées d’extinction, et 11 % quasi menacées. 6 % ont déjà disparu.

« Le constat est alarmant », a expliqué le coordinateur de cette étude, Xavier Houard, à nos confrères du Journal du dimanche. Le « peuple de l’herbe » est en effet considéré comme un précieux bio-indicateur de l’état de santé des écosystèmes. Mangeurs voraces de pucerons et autres acariens, certains orthoptéroïdes contribuent à la bonne santé des cultures agricoles. D’autres contribuent à la dispersion des graminées, ou permettent de recycler les matières végétales. Tous sont un fabuleux casse-croûte pour les oiseaux, les lézards et les chauves-souris. «  Sans eux, les oiseaux déserteront les campagnes franciliennes  », résume le naturaliste Hemminki Johan, toujours dans le Journal du dimanche.

Des coupables connus

Les causes de cet effondrement sont bien identifiées : sans surprise, les principaux coupables sont l’agriculture intensive, l’urbanisation, la pollution et le changement climatique. Ils ont déjà causé la perte de la Decticelle des alpages, une sauterelle aux tons marbrés que l’on pouvait autrefois observer dans le bois de Notre-Dame, du Dectique des brandes, dont les longues pattes vertes pouvaient être furtivement aperçues dans le massif de Fontainebleau, ainsi que du Sténobothre bourdonneur et de l’Oedipode rouge. Pour tenter de ralentir leur déclin, les scientifiques recommandent de limiter drastiquement l’usage des pesticides et de mettre fin à l’artificialisation des sols au profit des herbes folles.

L’état catastrophique des populations d’orthoptéroïdes d’Île-de-France n’a rien d’exceptionnel. Avant de publier cette liste rouge, l’ARB avait déjà étudié le sort de la flore vasculaire, des oiseaux nicheurs, des chauves-souris, des libellules et des papillons de jour de la région. Tous étaient dans le rouge.

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