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Nature

Le retour de la chasse à la marmotte, animal protégé

La préfecture de la Savoie assure que le rongeur alpin causerait des dégâts agricoles suffisants pour justifier sa chasse.

La préfecture de Savoie a autorisé la chasse aux marmottes, car les agriculteurs les accusent d’endommager leurs terres. Des associations ont attaqué l’arrêté.

La chasse à la marmotte est ouverte. La préfecture de la Savoie a autorisé le 10 septembre l’abattage du petit rongeur à la demande des agriculteurs. Ils lui reprochent de creuser des terriers qui provoqueraient « des blessures aux bovins, parfois aux exploitants avec des entorses, des casses de matériel de fauche, des dégradations de tuyaux d’arrosage... » L’année dernière, 427 marmottes ont été abattues dans le département.

Le petit mammifère est pourtant un animal protégé par l’annexe III de la Convention de Berne, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Sa gestion doit être réglementée afin de maintenir sa population hors de danger. Aucun comptage officiel des marmottes n’existe en Savoie, mais l’avenir de l’animal paraît bien sombre. La faute à l’artificialisation des sols, la destruction de ses habitats de reproduction et surtout au dérèglement climatique. La baisse de l’enneigement affecte sa période d’hibernation. Chaque hiver, la neige isole les terriers des rongeurs en sommeil. Si la couche est trop fine, le froid force les marmottes à consommer leurs réserves d’énergie jusqu’à mourir de dénutrition.

Las, la préfecture de la Savoie assure que le rongeur alpin causerait des dégâts agricoles suffisants pour justifier sa chasse. « Malgré leur aspect de bonhomie et d’attrait pour le grand public, les marmottes commettent des dégâts dans les herbages, font des amas de terre et de pierres en surface qui, en souillant le fourrage lors de la récolte, le rendent moins attractif et entraînent des bris et une usure des machines agricoles », ont justifié les services de l’État lors de la consultation publique sur le projet d’arrêté préfectoral d’ouverture de la chasse pour la saison 2023-2024. Le danger serait tel que les marmottes pourraient « porter atteinte aux habitations ».

Aucun chiffre n’estime les dégâts causés par les marmottes

Contactées pour connaître l’ampleur exacte de ces dégâts, ni la Direction départementale des territoires (DDT) de la Savoie chargée du dossier, ni la préfecture, ni la FDSEA des Savoie, le syndicat agricole majoritaire, n’ont répondu à Reporterre. « Nous n’avons aucun élément sérieux ni données officielles nous démontrant que les marmottes pullulent et occasionnent des dégâts pouvant justifier leur chasse », dit quant à elle Pauline di Nicolantoni, la présidente de l’association Justice Animaux Savoie (Ajas).

Pour mettre un terme à l’abattage des marmottes, l’Ajas et les associations de défense de l’environnement Aspas, Animal Cross, Aves, FNE Savoie et One Voice ont déposé le 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble pour faire annuler l’arrêté préfectoral. « Nous souhaitons stopper la chasse avant la clôture de la saison le mois prochain, puis nous entamerons un recours sur le fond pour y mettre un terme définitif dans les années à venir », dit Pauline di Nicolantonio.

La chasse aux marmottes est déjà interdite dans le Cantal, les Pyrénées-Orientales, la Drôme, la Haute-Garonne, la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme.

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